L’artiste polonaise fait de ces événements et de ses étapes — fabrication, financement, voyages, gonflage — une œuvre d’art spectaculaire et incongrue, à la fois sculpture et support de performance. Le ballon aux dimensions d’un réel avion de ligne ne passe pas inaperçu. Simplement intitulés Plane Landings, ces événements provoquent la rencontre avec les passants, qui apparaissent d’ailleurs dans le champ de certaines photographies.
Si l’élément commun à toutes les images est l’avion lesté, celui qui change à chaque «atterrissage» est l’environnement — monuments historiques à Paris, piste d’atterrissage à Zürich — et tous deux acquièrent une égale importance pour l’artiste.
Pourquoi un avion gonflable ? Aleksandra Mir relate la stupéfiante impression d’immobilité qu’avaient les avions à l’atterrissage observés depuis la fenêtre d’un train en direction de Bristol. Reproduire cette image fut alors un «caprice» sur lequel se sont penchés huit ingénieurs pendant plusieurs mois.
Gonflé à l’hélium, l’avion «décolle» du sol pour «atterrir». Comme la plupart des projets à grande échelle d’Aleksandra Mir, ce ballon est une sculpture éphémère qui vient contrer l’architecture en tant qu’expression de l’égo d’une personne ou d’une philosophie particulière qui devient un dogme par sa permanence.
L’étape du gonflage fait irrémédiablement penser à un phallus à l’érection progressive. En «ligne de Mir», le fait que l’aérospatiale est un domaine presque exclusivement masculin. Un fait contre lequel l’artiste avait pris sa revanche en 1999 avec un projet intitulé First Woman on the Moon. Elle avait alors transformé une plage hollandaise en sol lunaire avec collines et cratères pour y tourner une vidéo à très bas budget, créant sa propre version du premier alunissage de 1969.
Aleksandra Mir
— Plane Landing in Paris, 2008. Série de photographies
— Plane Landing in Zürich, 2008. Série de photographies