Les Plaid House, ce sont de grandes sculptures en feutrine, sortes de carapaces molles en forme de maisons aux couleurs vives. Directement connectées aux dessins d’enfants et aux cabanes en couverture qu’ils aiment à réaliser, ces sculptures nous entraînent dans un monde imaginaire proche de celui du jouet. Deux œuvres de la série qui en compte neuf au total prennent place au centre de la galerie.
Si Laure Tixier a procédé à un travail de recensement des habitats de différents contextes culturels, géographiques et historiques, le rendu de ses travaux est bien éloigné d’un esprit technique à la manière des architectes. Laure Tixier ne se concentre pas sur la structure ou le détail mais sur l’enveloppe, l’image extérieure de ces maisons.
Aux murs de la galerie, sont accrochées quantité de petites aquarelles de la série des 150 dessins préparatoires au projet. Tipi, yourte mongole ou maisons modernistes se côtoient dans un ensemble de dessins épurés sur papier blanc. La simplicité du rendu et de la technique fait penser à un langage des signes, une symbolique qui transmet dans une vision formelle et ludique, la multiplicité des formes que peut prendre l’habitat selon le lieu ou l’époque où l’on se trouve.
Dans la droite ligne de ces dessins, pris comme signes d’un langage plus vaste, l’ensemble de maquettes en feutre à l’échelle 1/10e prolonge cette sensation en trois dimensions.
L’utilisation du feutre épais, coloré dans la masse, donne une présence très concrète à ces constructions qui toutefois renvoient plus à l’idée de maison, ou mieux encore à son image, qu’à la réalité de ces habitats modèles. On est loin d’un travail de maquette mais proche de la notion de symbole.
Ses grandes maisons sont des cocons vides, des formes qui existent pour elles-mêmes, isolées de l’extérieur. Le feutre, très épais, au grand pouvoir isolant, étouffe et clôt la forme sur elle-même. Pourtant, l’utilisation de couleurs vives rend ces structures très vivantes. Mollesse, chaleur et douceur contrastent avec les matériaux utilisés habituellement dans la construction et qui doivent être solides et imperméables. Laure Tixier relève la gageure de construire avec un matériau mou, obtenant des surfaces boursouflées et des angles qui ont du mal à être droit.
Sont également exposées quelques aquarelles sur papier de la série «Domus radicatus» (2009). Déclinant le motif de la maison très sommairement dessinée dans son contour, l’artiste lui attribue différentes sortes de racines qui l’ancrent au sol d’une manière à chaque fois renouvelée. L’artiste poursuit ainsi ce questionnement de l’habitat comme une manière particulière d’être relié au monde.