Créé par Mourad Merzouki en 2014, Pixel sera présenté à la Maison de la danse de Lyon pour fêter l’anniversaire d’une collaboration de vingt ans. Depuis 1996, la Maison de la danse a en effet accueilli l’ensemble des productions de la compagnie Käfig fondée et dirigée par Mourad Merzouki. A l’initiative de Dominique Hervieu, directeur de la Maison de la danse, les spectateurs pourront donc assister à la reprise d’un spectacle qui connut immédiatement un vif succès.
PixelÂ
La création de Pixel trouve son origine dans le simple constant formulé par Mourad Merzouki. Confrontés de manière incessante aux écrans et, de manière plus générale, à l’usage intensif que font désormais nos sociétés de l’image, de la vidéo et des outils numériques, nous pouvons peiner à distinguer le monde réel du monde virtuel, la réalité de sa représentation permanente. S’il est vrai que les images sous toutes leurs formes font entièrement partie de notre vie quotidienne, peut-être est-il nécessaire de faire un pas de côté et tenter de comprendre le pouvoir des images sinon la fascination qu’elles peuvent exercer.
Mourad Merzouki a donc voulu s’efforcer, non tant de confronter mais faire dialoguer la danse, symbole de la réalité incarnée, et le monde des nouvelles technologies. Pièce pour onze danseurs, Pixel se révèle être d’abord le résultat de la rencontre puis de la collaboration active avec Adrien Mondot et Claire Bardainne, de la compagnie Adrien M / Claire B. Ces derniers ont conçu l’environnement lumineux et numérique de Pixel selon le souhait de Mourad Merzouki « de trouver un subtil équilibre entre danse et représentations immatérielles (qui) se répondent sans que l’une ne prenne le dessus sur l’autre. »
Le dialogue de la danse et de l’image
C’est donc un défi que se propose de relever Mourad Merzouki en voulant conjuguer danse et nouvelles technologies, en voulant mettre la danse à l’épreuve de la pure virtualité. Comment se déplacer dans un espace entièrement fictif ? Comment se mouvoir sur un plateau en trois dimensions alors même que les projections numériques peuvent tout aussi bien accompagner qu’entraver les mouvements du danseur ?
Au-delà de la profusion des effets numériques et de lumière sur scène, des milliers de pixels virevoltant qui composent le décor de la pièce, Mourad Merzouki a voulu, selon ses propres mots, « habiter la danse dans un espace où le corps n’est confronté qu’à des rêves, faire évoluer les gestes dans les paysages mouvants » créés en temps réel à la palette graphique par Adrien Mondot et Claire Bardainne. L’espace ne cesse d’être modifié : le sol s’enfonce, ondule sous les pas des interprètes, des filets numériques se déploient sur la scène, contraignant les danseurs à adapter leurs mouvements à ces flux immatériels permanents. Danseurs de hip-hop et artistes du cirque qui partagent le plateau de Pixel tentent alors de s’accorder à cet univers sophistiqué.