Présentation
David Galloway, Jean-Charles Vergne
Pius Fox
Il y a dans la pratique de Pius Fox une entreprise d’observation puis d’abstraction de la réalité dont l’étape finale permet d’accéder à une peinture donnée à voir pour elle-même, sans que n’y soit plus connectée la moindre référence à une réalité modélisée. Mais, simultanément, sa peinture relève d’un processus qui, allant de la figuration vers l’abstraction, opère aussi un mouvement inverse de retour vers la représentation depuis l’abstraction.
La gamme chromatique employée contribue à rendre possible ce mouvement de réciprocité. La peinture de Pius Fox est faite de tons qui s’agrandissent dans la mémoire, de couleurs à la beauté légèrement surannée. Ceci est sans doute à l’origine du sentiment de familiarité éprouvé face aux oeuvres, comme si regarder cette peinture enclenchait le souvenir nébuleux d’un déjà -vu, comme si les tableaux marquaient à la fois leur ancrage dans une histoire de la peinture et dans une relation à l’observation du monde, tout en se livrant dans un dénuement qui leur soit propre.
L’oeuvre de Pius Fox s’inscrit autant dans un héritage de la peinture abstraite que dans celui, très hétérogène, d’une histoire du plaisir de peindre où le sujet est prétexte à l’acte de peindre, à la sensation de peindre. Ce plaisir de peindre (comme il y aurait chez Roland Barthes un plaisir du texte) ne verse pas dans une fascination affectée pour le médium mais dans la faculté que possède la peinture de rendre compte d’une expérience du monde.