Pierre Paulin
Pierre Paulin. Première période: 1952-1959
En écho à l’ensemble des hommages rendus ce printemps à Pierre Paulin, la galerie Pascal Cuisinier a décidé de présenter le chapitre le plus méconnu du travail du créateur en retraçant les toutes premières années de sa carrière de designer. Pierre Paulin a été régulièrement mobilisé pour des commandes prestigieuses, comme en témoignent les ensembles dessinés pour l’Elysée en 1971 et en 1984, sous les mandats respectifs de Georges Pompidou et de François Mitterrand. Ces collections feront l’objet d’une exposition, «Elysée Palace», à la galerie Jousse Entreprise à partir du 12 avril 2016.
Pierre Paulin étudie à l’Ecole Camondo, à Paris, jusqu’en 1952 où il intègre l’agence Marcel Gascoin sur les recommandations de l’un de ses professeurs Maxime Old. Il rencontre alors les designers Michel Mortier, Joseph André Motte et Pierre Guariche qui défendent, tout comme lui, un design simple, épuré et rationnel au service du plus grand nombre. Les œuvres présentées à la galerie Pascal Cuisinier résument les enjeux de cette période d’après guerre qui correspond à la naissance de la carrière de Pierre Paulin. En effet, la restructuration des espaces d’habitation lors de la reconstruction invite à la recherche d’un mobilier fonctionnel, fabriqué en série et accessible à tous.
Dès 1953, Pierre Paulin rencontre le succès avec son «appartement idéal» autoédité qu’il présente dans la section «Le Foyer d’aujourd’hui» du Salon des arts ménagers. Il est alors repéré par la maison Meubles TV qui édite certaines pièces de l’ensemble, parmi lesquelles la banquette 119. Entre 1954 et 1958, Thonet France l’invite à concevoir une large gamme de sièges et de mobilier à destination des collectivités. Il devient ensuite le designer phare de Harry Wagemans, Directeur général de la maison hollandaise Artifort pour laquelle Pierre Paulin dessine une série de sièges.
Un designer en début de carrière fait souvent preuve de plus de liberté et d’audace. Pierre Paulin a vingt cinq ou trente ans lorsqu’il réalise les pièces exposées à la galerie Pascal Cuisinier. Il expérimente, il teste, il met au point. Il invente ses futurs leitmotivs, met en place son processus de conception et ce qui deviendra son «style». Il repense la fonction des meubles suivant leur usage contemporain; une table basse multifonction, une table basse faisant également office de lit d’appoint, un principe de siège décliné en une gamme complète, etc. Il pense directement en volumes et il travaille la forme en sculpteur. Il définit petit à petit son esthétique: l’objet est pensé comme un tout, une unité formelle.
L’exposition à la galerie présentera une vingtaine de modèles de Pierre Paulin représentant l’étendue de son activité durant les années 1950 et ses principales collaborations avec ses éditeurs. L’ensemble sera mis en scène suivant deux ambiances différentes faisant directement référence aux inspirations de Pierre Paulin: les structures textiles verticales détachées des murs et le tapis siège qui remonte sur les murs. Ces deux ambiances rappelleront que si ce designer s’est illustré par la création de modèles pour l’édition, il a aussi beaucoup pensé l’espace, et en particulier celui des lieux d’exposition. Le designer a en effet conçu les stands de chacun de ses éditeurs successifs.
Une grande partie de cette exposition rejoindra ensuite celle du Centre George Pompidou, contribuant ainsi à la reconnaissance des débuts de ce créateur, à la compréhension de son mode de conception original qui lui confère une place majeure dans l’histoire des arts décoratifs français du XXème siècle. Le Centre Pompidou présentera en effet à partir du mois de mai une grande exposition rétrospective du travail de Pierre Paulin qui embrassera pour la première fois toute l’étendue de sa carrière.