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Pierre Malphettes. Little Odyssey

Premier catalogue monographique sur le travail de Pierre Malphettes. Une œuvre bricolée qui balance entre le scientifique et le poétique, le naturel et l’artificiel : reproduire le bruit de vent dans les arbres, faire tournoyer des sacs en plastique dans une pièce, réinventer le vol d’une mouche en néon, et peut-être un jour, recréer un arc-en-ciel en salle…

— Auteurs : Patrice Joly, Sandra Patron, François Piron
— Éditeurs : Triangle France ; Frac Paca, Marseille / Espace Paul-Ricard, Paris / Zoo galerie, Nantes
— Année : 2004
— Format : 19 x 24 cm
— Illustrations : nombreuses, en couleurs et en noir et blanc
— Pages : 94
— Langues : français, anglais
— ISBN : 2-9522763-0-7
— Prix : 14 €

Présentation
par Sandra Patron

Le travail de Pierre Malphettes est à l’image d’une de ses pièces, il agit sur nous comme un attracteur étrange. En travaillant principalement des matières intangibles tels que l’air, la lumière, l’eau, ou bien encore des matériaux bruts, de construction (la bâche, le caillebotis), Pierre Malphettes matérialise des espaces mentaux qui évoque le voyage, le parcours. La poésie naît d’un déplacement contrarié, impossible, voire inconcevable : une échelle en croix et trop petite, donc impossible à gravir (Les échelles et leurs potentiels, 1997), un sol qui se dérobe sous nos pieds (Haut, Bas, une expansion, 1997), un plan de Paris où ne subsistent que les sens interdits (Paris sens unique, 2000). Tout cela forme l’étonnante grammaire d’un artiste, qui, par une apparente économie de moyens, nous invite à « traverser l’impossible. »

Toutes ces pièces tendent à rendre inutiles – ou du moins parcellaires – les notions d’intérieur et d’extérieur, de haut et de bas, de solide et d’évanescent. Si le centre est un séisme permanent, si les notions de repères précis, de stabilité et de matière solide disparaissent au profit des notions de réversibilité, de décalage et de fugacité (« l’impermanence », selon un terme de l’artiste), il en résulte une indétermination générale et une perte de repères qui est vécue ici dans l’expérimentation et la jubilation.

À l’origine des pièces de Pierre Malphettes il y a en effet toujours un « chiche ! », un rêve de môme : et si mon tapis volait ? et si le sol décollait ? et si des sacs en plastiques tourbillonnaient jusqu’à plus soif, comme des poissons rouges dans leur bocal ? Pierre Malphettes nous entraîne dans ses rêves impossibles et la lutte pour y arriver (mais arriver où ? nulle part, l’artiste n’y tient pas…). S’approprier le monde par ce biais, c’est faire entrer le monde dans la pièce, c’est proposer une architecture intime qui met à mal tous nos repères. Les pièces et la scénographie proposées pour l’exposition à la Friche La Belle de Mai assument complètement l’omniprésence de cette notion, qui existait déjà en filigrane dans le travail de Pierre Malphettes.
(…)
Avec un ensemble de pièces pour la plupart autolumineuses, et une scénographie privilégiant la déambulation, Pierre Malphettes nous propose ici un temps et un espace, bien plus qu’une succession d’images. L’artiste ne cherche pas à nous éblouir par sa virtuosité d’exécution. En nous permettant de voir l’envers du décor, il nous fait assister comme par effraction aux mécanismes secrets de sa poésie visuelle.

(Texte publié avec l’aimable autorisation des éditions Triangle France)

L’artiste
Pierre Malphettes est né en 1970. Il vit et travaille à Marseille.

Les auteurs
Patrice Joly est directeur de la Zoo galerie à Nantes.
Sandra Patron est directrice de Triangle France à la Friche La Belle de Mai, à Marseille.
François Piron est commissaire d’expositions et critique d’art. Avec Yvane Chapuis et Loï;c Touzé, il fait partie de la direction artistique des Laboratoires d’Aubervilliers depuis 2001.

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