LIVRES

Pierre Klossowski. Tableaux vivants

Le catalogue de l’exposition du Centre Pompidou prolonge l’expérience de l’œuvre énigmatique et sulfureuse de l’artiste et écrivain Pierre Klossowski.

Information

Présentation
Sous la direction d’Agnès de la Baumelle
Pierre Klossowski. Tableaux vivants

L’œuvre dessiné de Pierre Klossowski, anachronique et contemporain, n’en finit pas d’imposer son irréductible singularité. Venu tardivement, avec l’abandon de l’écriture de fiction (les trois romans de la trilogie des Lois de l’hospitalité : La Révocation de l’Edit de Nantes, Roberte, ce soir, Le Souffleur ; Le Baphomet), le travail patient, modeste, fervent du crayon noir, puis, à partir des années 1970, du crayon de couleur, a de quoi intriguer chez ce brillant érudit, traducteur et interprète des grands textes de l’Antiquité et des Pères de l’église, des écrits de Sade, de Kierkegaard et de Nietzsche, et dont la pensée — contemporaine de celle de Bataille — a marqué les plus grands intellectuels de son temps : Blanchot, Deleuze, Foucault, etc.

Geste illustratif que ces «tableaux vivants», actualisation de nos fantasmes : le regardeur ne se fait pas seulement «voyeur» des pulsions érotiques offertes en spectacle, mais acteur, «souffleur» de ces figures diaphanes en suspens, qui sont comme autant de reflets ou de simulacres de lui-même. C’est, par le déroulement ironique de tous les stéréotypes de l’histoire de l’art auxquels Klossowski fait appel avec excès (académisme de la grande peinture classique, leçon de l’enluminure médiévale, vulgarité de l’affiche et de la bande dessinée), par l’instabilité concertée du style — son élégance et sa maladresse —, toute l’ambivalence de l’image, son pouvoir de révélation et son énigme, qui est ardemment questionnée. Les glissements incessants, en multiples jeux de miroirs, établis entre le réel et le fictif, le quotidien et le mythe, entre l’intime et l’universel sont autant de tentatives de saisissement, de captation, de l’essence des êtres et de leur vérité.

Cet ouvrage est publié à l’occasion de la première exposition personnelle de l’œuvre de Klossowski que lui a consacré le Centre Pompidou du 4 avril au 4 juin 2007. L’exposition a été conçue par Sarah Wilson pour la Whitechapel Gallery de Londres (20 septembre – 19 novembre 2006) et le Museum Ludwig de Cologne (21 décembre 2006 – 18 mars 2007).