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Pierre Coulibeuf – Jan Fabre – Bart Verschaffel. Les Guerriers de la beauté

Un film conçu autour de Jan Fabre et de son univers artistique fantasmagorique. Photos tirées des rushs et texte des dialogues en restituent la mémoire, sous forme de livre. Une exploration en images, celles de Pierre Coulibeuf, et en mots, ceux de Bart Verschaffel, des obsessions de l’artiste belge à travers la danse, le théâtre et la performance.

— Éditeurs : Yellow now, Crisnée / Regards productions, Paris
— Collection : Côté cinéma
— Année : 2003
— Format : 17 x 12 cm
— Illustrations : nombreuses, en couleurs et en noir et blanc
— Pages : 84
— Langues : français, anglais
— ISBN : 2-87340-177-X
— Prix : 13 €

Fabre-Coulibeuf : similitude et répétition
par Bruno Di Marino (extrait)

Tous les films de Pierre Coulibeuf sont issus de la rencontre avec un artiste et de l’exploration de son imaginaire. Les Guerriers de la beauté ne fait pas exception à la règle. Le point de départ en est le monde visionnaire de Jan Fabre, son théâtre chorégraphique cruel et délirant. Mais ce n’est qu’un point de départ, car dans ce jeu étrange d’échanges et d’aller retour entre espaces, mots et regards que le réalisateur français a toujours instauré avec les artistes et les écrivains (notamment Pistoletto, Abramovic, Butor et Klossowski) – réinventant à chaque fois une forme et un langage cinématographiques qui engendrent un genre audiovisuel inclassable -, on ne sait jamais très bien à quoi nous assistons vraiment, à quel jeu nous jouons.

Le fait de rendre toujours plus complexe le « double jeu » entre artiste et cinéaste, le corps à corps entre créateur et re-créateur, aboutit à chaque fois à une mise en scène particulièrement articulée. Dans Les Guerriers de la beauté, le réalisateur a choisi un lieu unique, dépouillé mais séduisant sur le plan architectural, qui se prête bien à souligner la dimension intemporelle où vivent ces figures tourmentées, aussi immobiles ou hypercinétiques soient-elles. La contiguï;té spatiale et la discontinuité des actions créent un dialogue visuel et performatif à plusieurs niveaux. La forteresse d’Anvers, avec ses arches à l’infini (circularité et répétition) et ses plafond bas qui serrent et emprisonnent les personnages, devient ainsi le lieu métaphorique de la superposition narrative, le décor idéal de la simultanéité et de la réitération.

La présence, agitée, d’hommes et d’animaux venus de l’univers de Fabre – phantasmes réévoqués par Coulibeuf et transformés en corps filmiques (ou filmables) – malgré leur condition autonome, acquièrent un sens seulement dans le cadrage, le plan, un champ de forces qui retient l’énergie des personnages. Chacun d’entre eux continue de vivre dans son propre espace chorégraphico-narratif et, en même temps, a tendance à se superposer aux autres, mais sans jamais les rencontrer vraiment. Ceci se produit soit à cause d’un débordement spatial, c’est-à-dire quand interagissent dans le même champ des figures venant de contextes différents ; soit par le moyen du montage, ou bien de la juxtaposition des plans, des coupes mattendues, qui changent radicalement le rythme et modifient la scène.

(Texte publié avec l’aimable autorisation des éditions Yellow now)

Les artistes
Pierre Coulibeuf, cinéaste, est né en 1949 à Elbeuf, France. Il adapte pour le cinéma des univers artistiques (Klossowski, Pistoletto, Abramovic, Butor).
Jan Fabre est né en 1958 à Anvers, Belgique, où il vit et travaille.
Bart Verschaffel, philosophe, est né en 1956 à Eeklo, Belgique. Il enseigne la théorie de l’architecture à l’université de Gand.

Les auteurs
Bruno Di Marino, est né en 1966 à Salerne, Italie. Essayiste, commissaire d’expositions, chercheur en cinéma et vidéo, il est aussi critique dans de nombreuses revues de cinéma et d’art (Ars, Segnocinema, Bianco e Nero, Trafic).
Laurent Goumarre est né en 1963 à Saint-Flour, France. Producteur d’une émission sur les arts vivants pour France Culture, essayiste, il est également critique d’art et de danse – notamment pour Artpress.

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