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Pierre Besson. Inner

Les éditions Monografik publient un petit album d’œuvres de Pierre Besson, auteur de photographies d’architectures et «sculpteur d’espaces».

Information

Présentation
Pierre Besson. Inner
Alexandra Fau

Extrait du texte d’Alexandra Fau, «Faire image pour faire espace»

«Même si Pierre Besson revendique une filiation à la sculpture, son Å“uvre repose sur les modalités du faire-image pour faire-espace. D’emblée, il plante le décor avec des photographies d’architectures factices insérées dans des caissons lumineux. Les vues urbaines, arrachées à la réalité, puis retouchées par ordinateur, viennent se nicher dans des espaces miniaturisés aussi incongrus que des intérieurs d’écrans d’ordinateur, des colonnes d’unités centrales, des boîtes en carton… L’artiste exploite en effet la structure de l’objet pour venir y projeter comme en surimpression des vues de « non-lieux » (ponts, échangeurs, aéroports. zones portuaires, friches industrielles…).

A une époque où toute représentation photographique éveille les soupçons, ces fictions encouragent la remise en question de la véracité de la représentation. L’artiste ne cède pas à la tentation de l’instantanéité ou de l’authentique. Son univers visuel se construit pas à pas. Il juxtapose à l’infini les images, les imbrique pour trouver la justesse du décor. Avec lui, la photographie se fait laborieuse. Pierre Besson procède par ajouts, suppressions, ablations, découpages qu’il applique virtuellement à la structure de l’habitat, à la différence de Gordon Matta-Clark. Ces trucages bouleversent le statut de la photographie d’architecture. Celle qui fut longtemps envisagée comme un vestige de « ce qui n’est plus » ou de « ce qui a été » devient la projection d’un univers mental nourri de références culturelles. La photographie délaisse son pouvoir d’authentification pour se faire inventive. L’artiste bricole l’image pour mieux la déréaliser, voire la désensibiliser et la déshumaniser. […]

Pierre Besson a ainsi entrepris d’explorer le potentiel narratif de la simple image photographique et de se positionner davantage comme metteur en scène dans son rapport à la production d’images. Par conséquent, l’artiste appréhende le décor dans sa dimension narrative et se plie aux contraintes (délivrer le maximum d’informations dans un espace restreint) d’un scénario improbable. La théâtralité dans la photographie ne prend pas ici la peine de détourner le public de ses propres fictions. Au contraire, elle l’invite à participer à un engagement imaginatif à partir de son propre référentiel.

Les architectures imaginées par Pierre Besson condensent ainsi l’espace du rêve, notre monde interne et le monde extérieur incarné par la réalité de l’objet. « Etre ici » et ailleurs à la fois, revient à partager ce don d’ubiquité cher aux primitifs italiens. Et en même temps, l’image incarne toujours cette « fenêtre ouverte sur le monde » telle qu’Alberti définissait le tableau dans son Traité de la peinture (1425). Par conséquent, les photographies de Pierre Besson imbriquent habilement perspective albertinienne dans la pure tradition classicisante, construction mentale et structure du récit.»

L’auteur

Alexandra Fau est enseignante et critique d’art.

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