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Pierre Alechinsky ou la pluralité du geste

Alechinsky est peintre, totalement fermement. Il est devenu au grand jour ce désir tremblant de sa jeunesse. Mais il a espéré plus encore : ne pas perdre l’usage de sa main droite éduquée pour l’écriture. Main droite et main gauche, écriture et peinture.

Information

Présentation
Yves Peyré
Pierre Alechinsky ou la pluralité du geste

D’un bout à l’autre d’un destin, ce serait la main qui courrait pour une précision de fougue. Il s’agirait avant tout d’attraper, de capter, de surprendre dans sa vitesse ou son indifférence la vérité cachée sous les apparences (et plus d’une fois même assez habilement masquée), de la décaler en l’avouant, d’en bégayer la clarté de théorème.

Alechinsky a la main requise, désentravée autant que lestée. Le paysage se décline alors en éléments du corps, tout visage, toute silhouette s’augmente réciproquement de la turbulence du dehors : une chevelure d’arbre, une mâchoire volcanique, un art de marcher qui rallie aussi bien le serpent que le poulpe.

Éruption, irruption, déflagration, l’expression recourt à la secousse (l’arbre toujours auquel s’assimile la souple colonne humaine, cette tige vertébrale). Des lames de feu tombent voluptueusement, elles le cèdent volontiers à des touches de neige d’une étrange douceur.
On entend le rire du trait, on se pénètre des repentirs de la surface.

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