Vik Muniz
Pictures of Pigment
Les photographies de Vik Muniz nous apparaissent comme celles d’un prestidigitateur ou d’un virtuose, dont les manipulations semblent à première vue ne pas s’apparenter à la photographie. Travaillant à partir de matériaux incongrus – fil à coudre, confiture, chocolat, ketchup, poussière, jouets, etc- choisis pour leur rapport à l’image qu’ils dépeignent, Vik Muniz reconstruit des images issues de l’histoire de l’art ou des médias, que notre mémoire visuelle aura collectées et qui ressembleront toujours au souvenir que nous en avons.
Ces images sont ensuite photographiées afin de renoncer aux originaux dont elles sont issues, et ainsi nous mettre face à une représentation illusoire, créée de toutes pièces : depuis les paysages en fil à coudre reprenant les peintures les plus connues du XIXe siècle, les images fétiches de Warhol en chocolat que l’on a découvert pour la première fois en 1999 lors de son exposition à la Galerie Xippas, les «Pictures of Dust» réalisées pour son exposition au Whitney Museum, les «Pictures of Color» et les «Pictures of Air» de la Biennale de Venise, jusqu’aux images en diamants et caviar des séries «Diamond Divas» et «Caviar Monsters» présentées lors de sa précédente exposition à la galerie Xippas en 2004.
Pour sa quatrième exposition personnelle à la galerie Xippas, Vik Muniz présentera un ensemble de photographies issues de la série des «Pictures of Pigment», reproduisant des peintures emblématiques de Monet, Klimt, Matisse, Malevitch, Gauguin, Munch, Klein et Rothko.
Comme le titre de la série l’indique, Vik Muniz a utilisé ici des poudres de pigment. La qualité même du matériaux a nécessité une manipulation particulière, tout d’abord du fait de la nocivité de certaines couleurs, et parce que la poudre volatile doit être travaillée à l’abri des courants d’air.
L’artiste dessine au moyen de brosses et de petites cuillères lui permettant de faire tomber minutieusement la poudre sur le support, car une fois sur la surface de travail, le pigment ne peut être retouché. La réalisation de chaque œuvre peut prendre plusieurs semaines. Une fois achevé, le dessin d’environ 30 à 40 cm est immédiatement photographié. Les photographies ainsi obtenues sont tirées à de très grands formats offrant un regard voluptueux et tactile de la couleur.
À travers le processus de création de ses images, Vik Muniz revêt tous les rôles. Nourrissant une nature espiègle et empreinte d’ironie, il est à la fois peintre, sculpteur, photographe, et théoricien.
Tout en renforçant notre sentiment de familiarité aux choses, Vik Muniz «trompe l’œil». Tandis que ses œuvres offrent tout d’abord une image sensuelle et ambiguë, elles interrogent les processus de perception visuelle. Il encourage le doute et notre capacité à regarder les choses et à les analyser : «la vision est avant tout une forme d’intelligence et la reconnaissance ou l’identification une sorte de confort». Ses images nous confortent dans notre sentiment de familiarité, mais nous rendent surtout capables d’en renverser le processus d’identification.
Article sur l’exposition
Nous vous incitons à lire l’article rédigé par Jessica Todd Harper sur cette exposition en cliquant sur le lien ci-dessous.
critique
Pictures of Pigment