Présentation
Claude Picasso, Stéphanie Ansari, Tatyana Franck
Picasso à l’oeuvre. Dans l’objectif de David Douglas Duncan
Entre 1956 et 1973, le photographe américain David Douglas Duncan (né en 1916) noue avec Pablo Picasso, alors au faîte de sa gloire, une véritable amitié et réalise ce qui est sans doute le premier photoreportage sur l’intimité d’un artiste. Ce compte-rendu du quotidien de Picasso réunit plusieurs centaines d’images montrant Picasso dans sa vie privée ou à l’œuvre pendant cette intense période de création. Duncan a plusieurs fois utilisé cette somme iconographique pour des ouvrages qui sont parmi les grandes références de la construction du mythe de l’artiste universel qui se construit autour de Picasso après la Seconde Guerre mondiale.
Cet ouvrage propose un vrai dialogue entre l’œuvre photographique de Duncan, qui fixe l’univers et l’atelier de son modèle, et l’œuvre de Picasso, qui prend forme dans l’objectif de son portraitiste. Ce double regard conduit notre attention entre le temps de l’accomplissement de l’œuvre et la lecture inédite de références universelles de l’histoire de l’art moderne. Ainsi, le reportage particulièrement dense qui lui est consacré permet d’entrer dans la totalité du processus de réalisation de la toile monumentale des Baigneurs de la Garoupe (1957, musée d’Art et d’Histoire de Genève).
On pénètre au cœur de l’intimité de Picasso, pour y côtoyer ses proches et les visiteurs de marque qui passent par la Californie ou Vauvenargues dans ces années où l’artiste impose son image au monde entier. Les photographies choisies montrent par ailleurs comment Picasso occupe son cadre de vie et de travail avec des œuvres anciennes qui semblent indispensables à son univers et qui réapparaissent souvent, comme Le Fou (1905), dans les clichés. Dans cette période, Picasso travaille beaucoup à son œuvre céramique et à la sculpture. La confrontation entre cet œuvre qui se bâtit sans concession et l’architecture baroque, de La Californie notamment, met en abîme le principe même de l’atelier et la frénésie d’inventer un autre langage plastique.