ÉCHOS
14 Oct 2009

Photoquai 2009, visions figées du monde

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Photoquai 2009, l’actuel volet de la biennale des images du monde de Paris, convoque de nouveau la photographie non occidentale au sein de l’espace public, sur le quai Branly. Vouée à faire découvrir des images insolites d’autres civilisations, la manifestation tombe, malheureusement, trop souvent dans le piège du stéréotype.

Photoquai 2009 (du 22 septembre au 29 novembre) est la deuxième édition d’une biennale que le musée du Quai Branly à Paris, consacré aux arts et civilisations non occidentaux (Afrique, Asie, Océanie et Amériques), a conçue comme rendez-vous contemporain en pendant à sa collection d’objets historiques.

Sans aucune organisation thématique, 200 œuvres d’une cinquantaine de photographes se succèdent à l’intérieur d’un dispositif scénographique de l’architecte Patrick Jouin: un sol commun, qui établit l’unité de l’espace d’exposition, et des murs individuels disposés un peu chaotiquement le long de la voie piétonne.

L’objectif de cet événement grand public: bousculer notre image du monde par une confrontation inédite avec le travail de photographes encore peu exposés en France, mais jouissant déjà d’une certaine reconnaissance dans leurs pays d’origine.
«À l’heure des malentendus globalisants et des fantasmes réciproques entre l’Occident et le non-Occident, Photoquai ambitionne de livrer un autre regard sur le monde. Pour contrebalancer le flot d’images de guerre, de pauvreté et d’horreur dont le public européen est abreuvé, Photoquai met en avant la modernité et la finesse d’autres cultures, pour établir un vrai dialogue entre des civilisations», explique la directrice artistique de la manifestation, la galeriste iranienne Anahita Ghabaian Etehadieh.

L’approche est à saluer, mais le résultat un peu moins. Indépendamment de tout jugement sur la valeur des œuvres, force est de constater que la sélection va souvent à l’encontre du but affiché de dialogue universel.

En effet: soit nombre de photographies se distinguent à peine des clichés de l’actualité médiatique, soit elles confortent la vision exotique d’un «Autre» fortement ancré dans son folklore et ses traditions ancestrales. Comme autant de représentations métonymiques de pays, se succèdent ainsi survivants du tsunami pour l’Indonésie, Mongols pour la Chine, marchands d’armes pour l’Afrique du Sud, mur de démarcation pour Israël, vache sacrée pour l’Inde…
Ce genre d’images constitue-t-il vraiment le meilleur choix pour un tel événement? Au lieu d’ouvrir le regard, il risque de renforcer les stéréotypes. Mettant l’accent sur ce qui est typiquement local, les clichés creusent finalement l’écart entre les civilisations.

Parmi les meilleures images, celles qui témoignent de la mondialisation et de la manière dont elle impose une uniformisation du monde. Ainsi une série de pique-niqueurs japonais qui joue, dans l’artifice de sa mise en scène, sur la conception limitée de la nature dont font preuve ces jeunes citadins (Chu Ha Chung, Une bonne journée, 2003-2007). Ou encore, des prises de vues surréalistes non dénuées d’humour, dans lesquelles aliments et objets de consommation courants se transforment en monstres prédateurs de filles mexicaines (Daniela Edburg, Drop Dead Gorgeous, 2005-2006).
S’aventurant au-delà de la conception intransigeante d’un monde bipolaire (occidental/oriental), ces images rapprochent véritablement les peuples au sein d’un même village global.

Avec une programmation en rapport à la biennale, onze lieux partenaires participent à Photoquai 2009.
Parmi lesquels, signalons l’exposition Portraits croisés qui oppose des photographies issues des collections du musée du Quai Branly avec des œuvres du Pavillon des Sessions au Louvre. Deux expositions sur la photographie iranienne, pays à l’honneur de la biennale, sont également organisées par Anahita Ghabaian Etehadieh : l’une, panoramique, retrace son développement du XIXe siècle jusqu’à nos jours (musée du Quai Branly) et l’autre, plus ciblée sur l’évolution des trente dernières années de la photographie documentaire, sera présentée à la Monnaie de Paris en novembre.

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