Le nom de William Eggleston est intimement lié à l’histoire de la photographie et plus encore à celle de la photographie couleur. Le photographe, auquel la Fondation Cartier a consacré une rétrospective en 2001, et qui a été sélectionné pour la Documenta de Kassel en 2002, occupe une place importante dans l’histoire et l’évolution de la photographie couleur dans l’art.
L’ensemble des images exposées à la galerie Templon, et réalisées entre 1999 et 2001, confirme la capacité de William Eggleston à faire des photographies dont la suggestivité repose principalement sur le traitement des coloris. L’artiste a ici employé la technique d’impression Iris qui donne aux couleurs une tonalité singulière.
C’est en 1976 que John Szarkowski, alors directeur du Museum of Modern Art de New York consacre une exposition à Eggleston, la première — pour une institution dans laquelle il n’y avait, jusqu’alors que des expositions de photographies en noir et blanc — à présenter des photographies couleurs.
Bien qu’il ait parcouru le monde avec son appareil photo, le thème privilégié d’Eggleston est la région du sud des États-Unis — son pays d’origine —, ses paysages et ses populations — l’environnement du quotidien.
On a parlé à son propos de « poésie du vide » ou encore d’« esthétique du banal », ici sont privilégiés les motifs et les détails : vitrines et enseignes, panneaux indicatifs ou décors de fêtes enfantines, sculptures religieuses, etc.
Le cadrage est particulièrement soigné, pensé tout autant qu’il est déséquilibré : trop haut ou trop bas, décentré par rapport à l’objet visé; il manque presque rater sa cible à chaque fois.
Les objets que choisit Eggleston pourraient, pour la plupart, illustrer parfaitement l’idée de désuétude. Ils ont l’allure de bougies fondues après la cérémonie ou de fanions foulés aux pieds par plusieurs jours de fêtes foraines. Du motif décoratif, ou, c’est selon, indicatif, au symbole du désenchantement ordinaire; l’image d’Eggleston se situe précisément dans ce qui dure encore un peu au moment où tout est définitivement terminé.
Comme les textes qui prennent formes et qui se regardent plus qu’ils ne se lisent, les images d’Eggleston sont des images qui ont une odeur. Les coloris sont saturés tout autant que les objets sont usés. Le traitement particulier des couleurs de chacun des motifs leur donne l’odeur âcre des choses défraîchies par trop d’usage.
Certes les enseignes, les vitrines, les produits, les slogans photographiés sont issus de la culture américaine, mais l’odeur de l’usure, elle, est universelle.
William Eggleston
— Untitled (Crest Color Sign), 1999-2001. Impression Iris. 58,40 x 76,2O cm.
— Untitled (Tintrf Windows, Stoph Lights Memphis, Tennessee), 2001. Impression Iris. 60 x 76,20 cm.
— Untitled (Silver Jesus, Orange County), 1999-2000. Impression Iris. 76,20 x 61 cm.
— Untitled (Red Jesus in Semetery, Arizona), 1999-2000. Impression Iris. 76,20 x 24 cm.
— Untitled (Cafe Rocks Sign), 1999-2001. Impression Iris. 58,40 x 76,20 cm.
— Untitled (Mesh Fencing Paintball), 1999-2001. Impression Iris. 58,40 x 76,20 cm.
— Untitled (Yellow Market Sign and Parking Lot), 1999-2001. Impression Iris. 58,40 x 76,20 cm.
— Untitled (Dilapidated Blue House), 1999-2001. Impression Iris. 58,40 x 76,20 cm.
— Untitled (Windmill Arizona), 1999-2000. Impression Iris. 61 x 76,20 cm.
— Untitled (White Trailer, Grave), 1999 2001. Impression Iris. 58,40 x 76,20 cm.
— Untitled (Pink Building With Telephone Poles), 1999-2001. Impression Iris. 76,20 x 58,40 cm.
— Untitled (Desert Winds Convenience Store), 1999 2001. Impression Iris. 76,20 x 58,40 cm.
— Untitled (Love in the Air), 2000. Impression Iris. 61 x 76,20 cm.
— Untitled (Birthday Decorations, Memphis Tennessee), 2001. Impression Iris. 60 x 76,20 cm.
— Untitled (Yes, We Know Its Tough Book Display, Hollywood, California), 2001. Impression Iris. 55,90 x 76,20 cm.
— Untitled (New Building), 1999-2001. Impression Iris. 76,20 x 58,40 cm.
— Untitled (Neon in Window, Los Angeles, California), 2001. Impression Iris. 76,20 x 55,90 cm.