Cuchi White
Photographies de trompe l’œil, années 75-80
«De la Gare du Nord à Bruxelles aux églises baroques italiennes, Cuchi White nous entraîne dans un voyage où des façades deviennent visages, où des chats dorment aux fenêtres, ou les fausses moulures semblent plus vraies que nature. Ces trompe-l’œil, Cuchi White les a traqués dans le monde entier, dans les rues et les palais: ses photographies exercent une véritable fascination qui est de l’ordre du merveilleux ou du rêve.»
«La définition d’un trompe-l’œil est apparemment simple: c’est une façon de peindre quelque chose de manière que cette chose ait l’air non peinte, mais vraie; ou, si l’on préfère, c’est une peinture qui s’efforce d’imiter à s’y méprendre le réel.» Georges Perec
Cuchi White a mené une longue quête récoltant des clichés de trompe-l’œil de toutes époques à travers l’Europe et les Etats-Unis: des fresques de Pompei, de Giotto à de petites bourgades autrichiennes, aux murs de Manhattan, de Paris à Milan, de Pise à Londres, d’Amsterdam à l’Alhambra. Elle a pu collecter au hasard de ses pérégrinations, cet espace de peinture particulière car monumentale.
C’est une série axée sur la décoration des églises et des riches palais et de quelques images de fresques plus anciennes qui ont initié cet art, principalement en Italie.
«Il s’agissait davantage de jouer avec un espace restreint ou mesuré, de simuler des échappées, de faire surgir dans l’épaisseur factice d’un mur des avenues bordées de riches constructions, de creuser dans une muraille aride des colonnes, des niches, des bas-reliefs, des statues, voire dans des églises, de susciter l’illusion d’un ciel ouvert où Dieu, ses saints, ses archanges et ses trompettes apparaissent dans toute leur gloire.»
Cette sorte de peinture fascine car elle nous fait réaliser la tromperie dont nous sommes finalement les victimes consentantes. Nous voulons accroître cette magie de lieux enchanteurs, cette tangibilité du rêve. Un délicieux trouble s’empare de nous.
«Qu’est ce qui est vrai? Qu’est ce qui est faux? Cette fenêtre, cette ombre trop bien dessinée, ces moulures à l’éclairage velouté de fin de journée…»
Comme dit Georges Perec, ce ne sont pas des photographies de murs mais l’écho de nos désirs d’ailleurs, de paradis enfin trouvés. Face à un trompe-l’œil, un pas suffit pour transformer l’illusion d’une réalité apparente en une certitude d’avoir découvert la réalité de l’illusion. A chacun d’établir ses propres frontières.
NB: Les citations sont extraites de la Préface du livre L’œil ébloui de Cuchi White, Edition du Chêne, 1981.
critique
Photos de trompe-l’oeil, années 75-80