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Photographies

28 Oct - 20 Nov 2010
Vernissage le 28 Oct 2010

Dans ses œuvres, Alex Guofeng Cao établit un pont, une greffe entre l’histoire et son développement et un dialogue actif entre les techniques originelles de la photographie et les nouvelles technologies numériques.

Communiqué de presse
Alex Guofeng Cao
Photographies

Alex Guofeng Cao est un photographe né en Chine, élevé aux Etats-Unis et qui vit à présent à New York. Dès son arrivée, il se passionne pour la photographie et se recommande de maîtres tels que Richard Avedon, Irving Penn, Robert Mapplethorpe. Mais ces références se doublent d’un intérêt pour l’antiquité, et les mosaïques d’Herculaneum et de Pompéi lui inspirent des compositions en photos mosaïques.

Dans ses œuvres, il établit un pont, une greffe entre l’histoire et son développement et un dialogue actif entre les techniques originelles de la photographie et les nouvelles technologies numériques. Il puise ses sujets dans les icônes du XXe siècle les plus visitées, galvaudées, demi dieux adulés, exploités, parfois dévoyés par la publicité, la presse, les paparazzis.

Leurs représentations sont démultipliées à l’infini où le spectaculaire se mêle à la vulgarité, l’art au commerce, les visages aux produits dérivés: Marilyn et Pamela Anderson; Bardot et Hepburn; James Dean et Kennedy; Jackie O et Warhol etc…

Dans ses reproductions, il introduit une grille à l’intérieur juxtaposant de multiples petites images qui transforment, modifient, décodent le sens de la première vision de manière subliminale mais visible.

En interpellant le spectateur et en l’invitant à cette double lecture, il le rend actif, le pousse à réfléchir à l’histoire et à ses contradictions, aux manipulations des illustrations, tout en empêchant l’hypnose passive devant des images sérielles ou des oeuvres uniques.

Le portrait de Warhol par exemple est composé de multiples visages de Mao. Warhol a déjà traité lui-même le portrait de Mao dans les années 60, parfois même en série. Cao n’oublie pas le chinois qui vit en lui et confirme le dérisoire du travail de l’artiste qui désamorce le signifiant du concept de pouvoir. Lui ne peut oublier l’oppresseur de son peuple, les millions d’affamés privés de liberté, l’extermination des oiseaux, des artistes et des libres penseurs.

Warhol se vit comme un dandy cynique qui utilise le visage d’un tyran comme un impact publicitaire. Le chinois subversif Alex Guofeng Cao remet les choses à leur place en inversant le processus, et dénonce l’obscénité de la culture de masse et du faux glamour.

Un artiste dans un pays libre peut sans danger s’autoriser l’arrogance de s’emparer de n’importe quelle image et de la rendre tour à tour ridicule ou inoffensive. Cependant les règnes ignominieux des tyrans perdurent, et les fantoches distribuent pour de vrai leurs effigies dans le but de célébrer le culte de la personnalité.

Les médias nous permettent de voir en temps réel les manifestations collectives, les rassemblements de fanatiques décérébrés par les régimes totalitaires, les défilés des armées de soumis. Ce que le digital permet artificiellement de créer existe dans certains pays où le collectif dépasse l’individu, l’ordre la mesure, et le pouvoir la liberté: Chine, Corée, Birmanie, Iran, autant de mondes où le glamour n’a pas sa place et où la gloire est réservée uniquement aux oppresseurs.

Alex Guofeng Cao travaille aussi sur la fausse utopie des années 60 en Amérique, conjointement à l’apogée de son star system: le portrait de Kennedy fait de milliers de Marilyn résonne encore du funèbre «Happy Birthday Mr Président», scellant le destin d’une gloire désespérée et suicidée avec un président qui sera plus tard assassiné.

Ces perturbations rétiniennes comme un kaléidoscope de la mémoire, en noir et blanc, rappellent en filigrane la fin tragique à Dallas, les manipulations de Hoover, le meurtre du pasteur Luther King, les émeutes de la guerre du Vietnam, etc. L’histoire livre en pâture ses idoles pour mieux camoufler ses crimes.

Les images réversibles sont les miroirs à deux faces de profils foudroyés, James Dean, Elvis, Marilyn… la mort règne en star absolue dans un duel perdu pour l’artiste.

Alex Guofeng Cao s’interroge sur le rôle du photographe et nous interpelle depuis que les témoignages «chocs» des photos reporters entrent en rivalité avec l’actualité des superstars: Le photographe Kevin Carter immortalisait sur sa pellicule un enfant soudanais affamé convoité par un vautour. Gratifié du prix Pulitzer le photographe, condamné par les médias, se donna la mort peu après. Alex Guogeng Cao représente l’image de Carter mais avec son visage à l’intérieur démultiplié à l’infini. Le photographe et son image ne font plus qu’un et sa responsabilité est totale.

Alex Guofeng Cao a vécu sa révolution culturelle à l’envers et a pu observer en témoin exilé et critique la tournure capitaliste du monde et de l’art et le culte de la célébrité dans la culture occidentale. Les chinois contemporains succombent à leur tour depuis leur nouvelle explosion libérale à l’ivresse de la société du spectacle et à la fascination de la mode et du glamour.

Alex Guofeng Cao rétablit sa petite justice intime et souhaite faire rétablir les valeurs humaines les plus justes. Et au delà des stars lascives des magazines, il laisse la gloire aussi aux héros de la compassion, Mère Thérésa, au patriarche de la paix Ghandi conjointement unis dans leur espoir pour l’humanité.

Vernissage
Jeudi 28 octobre 2010. 18h30.

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