L’exposition « Photographies, 1971-1984 » à la Maison européenne de la photographie, à Paris, revient sur l’œuvre de Bernard Pierre Wolff, figure de proue de la jeune création contemporaine dans les années 1970.
Bernard Pierre Wolff, dans la tradition du photojournalisme
Bien que laissée inachevée par sa mort prématurée en 1985, l’œuvre de Bernard Pierre Wolff a laissé une trace majeure dans l’histoire de la photographie. Les nombreux clichés qu’il a réalisés dans les rues de New York mais aussi au cours de reportages en Afrique, en Inde ou au Japon, s’inscrivent dans la tradition du photojournalisme d’après-guerre et témoignent d’une démarche proche de celle d’Henri Cartier-Bresson. Comme ce dernier, Bernard Pierre Wolff voyait dans la photographie un moyen de révéler l’ordre sous-jacent d’un monde apparemment chaotique.
Instant décisif et précision formelle
Les photographies de Bernard Pierre Wolff semblent relever du concept de l’« instant décisif » formulé par Henri Cartier-Bresson. Pour saisir cette image précise illustrant instantanément une scène ou un événement, le photographe a multiplié les voyages à travers le monde. Non recadrés, les clichés révèlent une attention aigue portée à la composition et à la précision formelle. Ainsi la photographie intitulée National Kabuki Theatre, Tokyo, prise en 1981, impressionne-t-elle par sa maîtrise graphique et les complexes jeux de miroir sur lesquels elle repose. On retrouve cette même justesse de la prise de vue à l’instant décisif dans un cliché pris à New York en 1984, où un vieil homme est saisi au moment où il passe au milieu d’une large montre peinte sur un mur.
Bernard Pierre Wolff, entre Henri Cartier-Bresson et Robert Frank
Si l’on relève l’influence d’Henri Cartier-Bresson dans la photographie de Bernard Pierre Wolff, elle se double de celles de Robert Frank et de Charles Harbutt qui considéraient que tout sujet méritait d’être photographié, y compris les plus ordinaires, dérangeants voire laids. Ainsi, ce sont les personnages les plus atypiques et marginaux, des fous aux drogués, en passant par les travestis, ou bien les situations les plus banales qui intéressent Bernard Pierre Wolff lors de ses pérégrinations dans les rues de New York. En témoignent le duo de femmes capté dans 34th Street, New York en 1974 ou le cliché pris en 1975 qui saisit l’image d’une femme émergeant des fumées sur un trottoir de la métropole américaine.