Présentation
José Alvarez
Philippe Pasqua
Philippe Pasqua s’est imposé au fil des ans comme l’un des principaux artistes de sa génération. Dès ses débuts, son art impressionne et surprend de nombreux acteurs de l’art, tel Pierre Restany, avec notamment ses œuvres empreintes des rites vaudou.
Chez Pasqua, le monumental communie avec la part la plus vulnérable des êtres: le corps et le visage. Abordant parfois difformités et handicaps à travers des portraits de transsexuels, de trisomiques ou d’aveugles… il offre des œuvres d’une forte tension plastique. Puis son regard se tourne vers son entourage proche, s’immisçant dans les plis et les replis de l’intimité des individus, en en poussant avec tact les limites.
Un autre aspect majeur du travail de Pasqua réside dans ses «vanités». La technique employée évoque autant celle des orfèvres du Moyen-âge œuvrant à un reliquaire qu’à quelque rituel chamanique. Les crânes humains sont recouverts à la feuille d’or et d’argent, ou gainés de peaux qui sont ensuite tatoués. Vient enfin l’étape délicate où les crânes sont ornés de papillons naturalisés. Ailes déployées aux couleurs iridescentes: la lumière se diffracte à leurs surfaces en un poudroiement coloré ou bien s’abîme dans l’ombre profonde au creux des orbites.
Depuis quelques années, l’artiste se rend souvent à Carrare où il sculpte à même le marbre des crânes de plusieurs tonnes à lourde charge tellurique. A la fonderie, il réalise d’imposantes fontes de bronze qui sont ensuite plongés dans des bains de chrome. Les dernières œuvres photographiques transcendent les crânes tatoués, en des vanités, ainsi, fétichisées.
«Depuis une vingtaine d’années, l’œuvre de Philippe Pasqua se développe selon un processus singulier impliquant une forte picturalité dont l’unité et la cohérence ne font aucun doute pour qui se risque à l’interpréter. D’une belle diversité et d’une inventivité rare, l’œuvre est, dès les premiers tableaux vaudous, porteuse de significations précisément méditées.
Pasqua joue savamment de l’iconographie, dont il exploite certains motifs en n’oblitérant pas, le plus souvent, leur contenu énigmatique. En deçà ou par-delà des différences thématiques, il sont reliés par une parenté, évidente ou latente, dont l’artiste tire le fil, par exemple entre têtes vaudous et vanités. L’unité globale de l’œuvre s’en trouve renforcée, une œuvre menant à une autre par associations d’idées et glissement thématiques.
Ainsi à y regarder de près, le motif nouveau remémore l’ancien. Parfois, et plus récemment, c’est à travers le medium photographique que Pasqua recrée un autre contexte, telles ses vanités tatouées de 2011.
La cohérence de ce parcours, sa pertinence, fait sens pour le spectateur qui détecte aisément une nécessité vitale dans cette progression chronologique.» (José Alvarez, extrait de l’introduction)
Sommaire
— Introduction
— Vaudous
— Jouissance sexuelle et expression picturale
— Transsexuel, corps ready-made
— Echapper à l’émotion, en saisissant les pulsations de l’être
— Vanités. Un embellissement de l’individu Post Mortem
— Biographie/ Expositions