La pièce chorégraphique, ou installation-performance, Vortex, de Phia Ménard, s’inscrit dans un contexte de jeu avec les éléments. Pièce pour une interprète (Phia Ménard), Vortex prend les traits d’une installation générant un invisible tourbillon d’air. Au centre de la scène, une personne est encerclée par des ventilateurs. Et comme dans une cage aux fauves, elle s’enroule sur elle-même, tourne en rond, valse avec le souffle. Le vortex, en météorologie, désigne le lieu de la circulation tourbillonnaire de l’air. Dans les tornades, cyclones, ouragans, typhons… Le vortex désigne l’enroulement associé aux phénomènes de dépression. Zone de basse pression, c’est l’œil du cyclone. Avec la pièce Vortex, Phia Ménard engage ainsi une lutte, une danse, avec et contre le souffle tourbillonnaire. Autre protagoniste, le plastique rejoint la ronde, pour danser sa propre partition. Jamais de la même manière. Sur une composition sonore d’Ivan Roussel.
Vortex de Phia Ménard : entre danse, jonglage et performance
Avec sa compagnie, Non Nova, la chorégraphe Phia Ménard développe un processus de recherche spécifique : l’I.C.E. (Injonglabilité Complémentaire des Eléments). Une pratique qui flirte avec la rigueur des lois naturelles. Venu.e du jonglage, en tant qu’interprète pour Jérôme Thomas notamment, Philippe Ménard devient officiellement Phia Ménard au tournant des années 2000-2010. Un processus de transformation en cohérence avec une démarche créative attentive aux processus de métamorphoses. Cruciale, la pièce P.P.P. (Position parallèle au plancher) marquera le tournant : Phia Ménard y jonglant alors avec des boules de glaces. S’ensuivra le triptyque éolien : Vortex, V1, L’après-midi d’un Foehn. Trois installations-performances en prise avec l’air et les vents. De glace ou d’air, les éléments changent, selon des lois à la fois rigides et imprévisibles. Vouloir jongler avec de la glace ou monnayer le vent sans face, c’est engager un combat vain. Mais la victoire n’est pas l’enjeu.
Une chorégraphie tourbillonnante, d’air, de plastique et de mues métamorphiques
Sur scène, une vingtaine de ventilateurs engendrent ainsi un Vortex, de cinq mètres de diamètre. Chaque mouvement effectué dans cet espace provoque une traînée modifiant les trajectoires de l’air. D’abord en costume-cravate, portant masque blanc, l’individu, au centre, se dépouille progressivement. Et au fil de Vortex, les mues s’entassent, tourbillonnent… Tandis que la personne ne cesse de se métamorphoser. Au gré d’un processus à la fois vivifiant et épuisant, comme le vent qui tour à tour entrave et pousse, étourdit ou tient éveillé. Rendant l’invisible visible, Vortex présente les changements d’état du corps socialisé. Et l’individu figé du début, empesé dans son immuable costume-cravate, cède la place à un être chaotique et vivant. Un être en transformation. Pour des changements qui, comme les phénomènes climatiques, ne vont pas forcément là où ils sont attendus. Au cœur de l’infernale zone de confort de l’œil du cyclone, Phia Ménard dompte le vent.