Douglas Gordon
Phantom
A l’entrée de l’exposition, Douglas Gordon présente un nouveau néon, Unfinished, où les mots «Je suis le nombril du monde», ont été détruits par l’artiste. Les restes du néon continuent d’être allumés, comme le constat d’une fragilité assumée de l’artiste qui s’expose au monde.
L’artiste imagine ensuite un double dispositif au sein de la galerie, dans lequel il est question des fonctionnements et dysfonctionnements de la mémoire à travers l’image et le langage.
Dans la première salle de l’exposition, il présente l’installation: I am also Hyde. Dans un va-et-vient entre mémoire collective et personnelle, l’artiste met en scène 4OO cadres, où il est question de son propre regard sur lui-même, et sur le côté obscur de la condition humaine. Cette oeuvre est avant tout une installation autobiographique, à la temporalité distendue, scénarisée et présentée comme un journal intime ouvert, où se déploient des images, des photos, des dessins, ainsi que des objets personnels de l’artiste. Pour la première fois, Douglas Gordon ne s’approprie pas des éléments de la culture populaire, mais livre sa propre histoire.
Dans la deuxième partie de l’exposition, l’artiste choisit de montrer dans l’obscurité l’installation Phantom, dont le dispositif se compose d’un écran où est diffusée une vidéo, une estrade, des miroirs sur les murs de l’espace plongé dans le noir, et un piano à queue. La vidéo projetée au sein de cette installation résulte de l’invitation lancée par l’auteur-compositeur-interprète Rufus Wainwright.
Dans un rapport frontal, presque animal, Douglas Gordon amène le spectateur dans un lieu métaphorique d’une expérience mentale et physique presque mystique. Les miroirs disposés à l’intérieur de l’espace, ainsi que le piano à queue amplifient la théâtralité du dispositif, et décuplent le caractère étrange de cet oeil, l’oeil de Rufus ainsi capté par l’artiste. La mise en image de ces parties de corps contribue à créer une réalité ambivalente particulièrement troublante, où les repères se perdent, entre violence et tendresse. Le regard de Rufus Wainwright ainsi fragmenté, décuplé, puis rythmé par la charge émotionnelle de sa musique, (All Days Are Nights: Songs For Lulu) plonge le spectateur dans un univers plastique et mental entre fascination et angoisse, désir et aversion.
critique
Phantom