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Pflumm. Private

Une œuvre prolixe qui aborde la vidéo comme l’édition musicale (label Elektro) ou la production d’objets de consommation (T-shirts, sacs…). Détournement de logos publicitaires, appropriation des langages marketing et médiatique fondent une réflexion sur la société de consommation et de communication. Une stratégie de récupération à visée subversive.

— Éditeur : Palais de Tokyo, Paris
— Année : 2004
— Format : 18,50 x 24 cm
— Illustrations : nombreuses, en couleurs et en noir et blanc
— Pages : 168
— Langues : français, anglais, allemand
— ISBN : 2-84711-015-1
— Prix : 23 €

Lire l’article sur l’exposition de l’artiste au Palais de Tokyo (12 fév.-28 mars 2004)

Présentation
par Nicolas Bourriaud (extrait, p. 11-12)

Pflumm ne se contente donc pas de pirater les codes existants, il construit des montages d’une grande richesse formelle. D’un subtil constructivisme, ses œuvres sont travaillées par la recherche d’une tension entre la source iconographique et la forme géométrique et abstraite. On pourrait parler à son sujet d’une véritable esthétique tertiaire, retraitant la production et générant du service, de l’itinérance, à l’intérieur des protocoles culturels.

S’agit-il d’une attitude critique ? Oui, si l’on étend ce terme au-delà de tout effet de dénonciation ou d’analyse, vers une zone où l’on expérimenterait le réel plutôt qu’on ne le déconstruirait. C’est ce que Gilles Deleuze demandait à la psychanalyse : cesser d’interpréter des symptômes, mais essayer des agencements qui conviennent au patient. Le travail de Daniel Pflumm, artiste, pourrait aussi se définir comme le développement d’une agence de retraitement des formes qui puisse être aussi efficace dans la communication de ses messages que n’importe quelle entreprise spécialisée.

Avec son label Elektro, Pflumm dispose de réels moyens de production ; quant à la complexité de ses références (abstractions historiques, pop art, iconographie des flyers, vidéoclips, culture d’entreprise) va de pair avec une grande maîtrise technique, ses films étant plus proches de la qualité en vigueur dans l’industrie du disque que de la vidéo d’art. C’est là une manière de brouiller la source du message – une technique de camouflage. S’agit-il de matériel promotionnel, d’art abstrait, de vidéoclips, d’une chaîne de télévision pirate ? Le projet de Daniel Pflumm consiste avant tout à effacer les traces de l’art comme lieu d’émission des signes.

(Texte publié avec l’aimable autorisation des éditions du Palais de Tokyo)

L’artiste
Daniel Pflumm est né en 1968 en Suisse. Il vit et travaille à Berlin.

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