L’exposition « ABETARE (Fluturat) » à la galerie kamel mennour, à Paris, dévoile des dessins, des sculptures et une installation monumentale de Petrit Halilaj. Ces œuvres récentes se nourrissent autant de l’histoire collective du Kosovo que de l’histoire personnelle de l’artiste.
« ABETARE (Fluturat) », entre histoire personnelle et histoire du Kosovo
La première partie de l’exposition présente la série intitulée ABETARE que Petrit Halilaj a conçu en 2015 avant de poursuivre son développement en 2017. Le titre de l’œuvre, ABETARE, reprend celui d’un manuel de lecture que l’artiste utilisait dans son enfance. A une période, les années 1990, où la population albanaise du Kosovo était opprimée par le gouvernement serbe, ce livre par lequel tous les écoliers apprenaient l’albanais est devenu un témoin de l’identité culturelle albanaise.
Avec ABETARE, Petrit Halilaj s’est lancé dans une entreprise de reproduction page par page de cet abécédaire où chaque lettre de l’alphabet est associée à un mot commençant par cette lettre et à un dessin représentant l’objet du mot en question. Sous la forme d’un papier peint, les dessins de l’artiste montrent les connexions entre l’apprentissage de l’alphabet et celui des fondements de la société et de la vie quotidienne. Mais surtout, ils révèlent les étonnants liens entre de nombreux dessins du livre et la vie personnelle et la pratique de Petrit Halilaj.
Petrit Halilaj rend hommage à la liberté de l’enfance
Ainsi, la lettre P est illustrée par un garçon prénommé Petrit jouant avec des poules, or cet animal est récurrent dans le travail de Petrit Halilaj. La lettre F renvoie au mot « Fluturat » (papillons) et trouve un écho dans les souvenirs d’enfance de l’artiste qui les chassait la nuit. Elle introduit par ailleurs parfaitement la nouvelle série de dessins et la série de sculptures Do you realise there is a rainbow even if it’s night!? qui représentent toutes deux des papillons de nuit.
La deuxième partie de l’exposition dévoile une installation in situ qui occupe tout l’espace de la galerie. Composée d’un ensemble de douze tables d’écoliers et de plusieurs sculptures en acier, elle offre une autre évocation du monde de l’enfance et de la communauté albanaise dont il faisait partie. Les tables ont été récupérées dans une école primaire d’une petite ville du nord du Kosovo, où Petrit Halilaj a habité et étudié. Les sculptures reproduisent quant à elles en grand format et en volume les dessins et inscriptions dont les tables étaient recouvertes. Noms familiers de célébrités, parties d’anatomie et autres motifs courants se mêlent à des éléments liés au Kosovo, formant une superposition complexe de récits autant qu’une ode à la liberté de l’enfance.