Barnaby Barford, Cor Unum, Valérie Delarue, Maria Loura Estevão, Magdalena Gerber, Studio Job, Daniel Kruger, Marie-Louise Meyer, Vika Mitrichenka, Heather Park, Simone Van Bakel et Monique Broekman, Pauline Wiertz, Silke Wolter
Petits bouleversements au centre de la table
Que sont devenus le décor de table et le cérémonial de la réception aujourd’hui ? Telle est la question à laquelle veut répondre cette exposition, en faisant le constat de voies nouvelles proposées par une génération de créateurs s’intéressant à nos rapports renouvelés à la nourriture et à l’art de vivre à table. L’idée centrale de l’exposition est de faire participer le visiteur à un véritable festin céramique au cours duquel tous les sens — y compris le sens critique — sont mis en alerte.
La vogue des décors de table grandioses a culminé aux XVIIe et XVIIIe siècles, liée au service « à la française », à son abondance de nourriture, de vaisselle et de serviteurs. Le centre de table — à la fois décoratif et utile car il réunissait souvent les salières, huiliers-vinaigriers et boites à épices, et comportait quelquefois des bras de lumière — devint à cette époque et pour ces raisons l’élément majeur de ces « plans de table » très architecturés. Pièces de centre, surtouts, « chemin de table » ne pouvaient que tomber progressivement en désuétude dès la deuxième moitié du XIXe siècle, quand le service devint « à la russe », avec un menu imposé et un nombre réduit de plats circulant désormais un par un, qui correspond au service en vigueur aujourd’hui.
Au cours du XXe siècle, les centres de table sont jugés encombrants, trop protocolaires, bref désuets. Depuis quelques années, de jeunes créateurs souhaitant lier à nouveau la gastronomie au plaisir de l’œil proposent une relecture contemporaine de cette tradition oubliée du centre de table. Qu’ils soient artistes réalisant des pièces uniques ou designers répondant à la demande de célèbres manufactures, leur goût de l’effet spectaculaire flirte avec un soupçon de décadence et les décors qu’ils créent surprennent, par leur distance assumée vis-à -vis de ce qu’on appelait autrefois les convenances ou les bonnes manières…
En nous confrontant à des sensations visuelles extrêmes, les « petits bouleversements » provoqués par ces jeunes artistes n’ont qu’une ambition, celle de redonner le goût de l’émerveillement…