ART | EXPO

Peter Regli

24 Avr - 23 Mai 2015
Vernissage le 24 Avr 2015

Peter Regli présente ici un ensemble de sculptures inédit. Son travail s’empare librement d’images et de figures ultra popularisées pour les implanter là où on ne les attend pas. Nounours, Bouddhas et sculptures phalliques sont ainsi rassemblés dans un même espace-temps, où les folklores rentrent en collision et la séparation profane/sacré implose.

Peter Regli
Peter Regli

Peter Regli présente un ensemble de sculptures inédit qui convoque les figures et les thèmes emblématiques de sa série de «Reality Hacking». Initiées dans les années 1990, ces actions ou interventions prennent pour matière première l’environnement sociologique et pour lieu d’expression des endroits reculés des quatre coins du globe (le point central de l’état du Nevada ou le point extrême sud du continent africain) ou l’espace public par excellence, la rue, tour à tour new yorkaise, zurichoise ou génoise.

Entre interventionnisme et happening, son attitude presque punk vise toujours à transgresser ou subvertir les barrières légales, socioculturelles et physiques. Plastiquement, cela se traduit souvent par des sculptures monumentales, dont les dimensions dépassent les limites de la perception. On peut citer son «cercle invisible» composé de 2000 pièces de monnaie jetées dans les eaux de New York depuis un bateau touristique, délimitant ainsi l’île de Manhattan (Reality Hacking No 170, 1999), ou bien son île créée artificiellement au milieu du lac Uri, uniquement visible depuis un sommet montagneux ou par avion (2002).

Piratage informatique appliqué au champ du réel, au monde matériel, le travail de Peter Regli s’empare librement d’images et de figures ultra popularisées pour les implanter là où on ne les attend pas: un bonhomme de neige dans les pays où il ne neige pas (Afrique du Sud, Vietnam), un quintet de Bouddhas rieurs aux pieds d’un building d’un cabinet d’audit à Zurich.

Dans un cas comme dans l’autre, ces interventions illustrent les lacunes référentielles pour parler de la culture de l’autre. Circulation mondialisée et quasi instantanée ne rime pas forcément avec meilleure compréhension des systèmes de croyances. Si la dimension symbolique rattachée à nos sculptures de neige humanoïde est difficilement exportable au Vietnam, la force spirituelle de la philosophie bouddhiste ne l’est pas moins en Occident. La réflexion s’applique aussi aux bouquets de phallus en érection présentés dans l’exposition. Symboles protecteurs au Bhoutan, ici ils provoquent un tout autre type de réaction.

Nounours, Bouddhas et sculptures phalliques sont ainsi rassemblés dans un même espace-temps, où les folklores rentrent en collision et la séparation profane/sacré implose.

Le matériau n’est pas non plus celui que l’on attend. Le caractère brut et lourd du marbre ou de la roche contraste étonnamment avec les formes enfantines et ludiques qui en résultent. L’usage de la pierre, particulièrement mise à l’honneur dans cette exposition, est d’ailleurs une constante dans le travail de l’artiste, qu’il s’agisse de ses vraies fausses météorites implantées dans les Alpes suisses (Faked Meteorites, 1996) ou de la pierre qu’il ajoute secrètement sur le site celtique de Vaison la Romaine (2002).

Assemblées, mises les unes sur les autres, dessinées ou laissées à l’état brut, ces pierres rappellent autant les figures totémiques que l’art mégalithique. Et si leur signification demeure tout aussi énigmatique, elles nous renvoient d’une manière ou d’une autre à l’histoire de l’humanité et des différentes civilisations.

 

Vernissage
Jeudi 23 avril 2015 à 18h

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