Peter Halley
Peter Halley s’inscrit dans l’histoire de la peinture contemporaine comme un successeur légitime de l’héritage de l’abstraction américaine. Il s’est d’abord fait connaître sur la scène artistique new-yorkaise du milieu des années 1980, avant de s’imposer, depuis plus de 25 ans, comme une figure majeure de l’abstraction géométrique.
Son œuvre picturale réinvestit le langage plastique des abstractions géométriques du XXe siècle avec distance et ironie. Les artistes des avant-gardes mettaient en avant le pouvoir transcendantal des formes géométriques au regard du développement industriel de la société.
Peter Halley conçoit ses compositions dans un jeu de relations entre ce qu’il appelle les «prisons» et les «cellules». Ces dernières reflètent la géométrisation croissante de l’espace social. La géométrie devient ici une métaphore de la société contemporaine.
A partir de 1981, il travaille ces motifs en série, ajoutant à cette évocation carcérale un système de conduits, qui symbolise les moyens de transmission de la vie quotidienne. Il utilise aussi bien des couleurs fluorescentes que du noir, du blanc, du gris. Il emploie des matériaux industriels comme le Day-Glo (médium épaississant) et le Roll-a-Tex (couleur synthétique fluorescente) contribuant ainsi à donner un aspect mécanique et anonyme à ses toiles. Cette technique crée un impact visuel immédiat et reconnaissable.
A partir des années 1990, les compositions se modifient, les formes semblent enchâssées les unes dans les autres, les couleurs deviennent plus joyeuses et plus lumineuses. Le Pop art et le Minimalisme apparaissent comme des sources d’inspiration évidentes dans sa réflexion sur les médias, la technologie et la société de consommation. Ses œuvres, auparavant marquées par une atmosphère lourde et sombre, tendent désormais vers une forme d’excès.
L’iconographie des œuvres de Peter Halley se nourrit de références à l’architecture et à l’organisation sociale. Sa démarche s’inspire des écrits de Michel Foucault, notamment Surveiller et punir (1975) mais aussi de Jean Baudrillard, Simulacres et simulation (1981).
Ses peintures grands formats soulignent l’emprise des modèles mathématiques, des systèmes informatiques ou encore des flux de communication sur la ville moderne et la société post-industrielle. On retrouve ces codes géométriques dans notre quotidien, notamment dans la signalétique urbaine. Ils ont envahi nos modes d’accès au monde jusqu’à s’y substituer.
Ses œuvres se composent souvent de plusieurs toiles, créant un effet rythmique grâce à la répétition de motifs. Il semble alors suggérer une succession de plans s’inspirant directement du cinéma, mais aussi de tout l’univers des spots lumineux de la ville et de la publicité.
Les aplats colorés, réalisés en Roll-a-tex, neutralisent tout effet de profondeur. Les couleurs, parfois discordantes, se révèlent être des pôles attractifs du tableau, les contrastes sont forts et stridents, appuyant l’ambiguïté de ces représentations.
L’utilisation de matériaux industriels montre sa volonté de renouer un contact avec la culture populaire contemporaine. Cette référence à la culture actuelle s’étend d’ailleurs aux titres des tableaux, qui sont souvent désignés d’après des émissions et des séries tv diffusées sur le câble américain.
critique
Peter Halley