Après une saison commencée au printemps au Palais de Tokyo, Peter Coffin s’invite avec deux nouveaux projets. Il était intervenu comme artiste et commissaire d’exposition. Avec Musique pour plantes vertes, il avait transformé une serre en scène de rock, avec États (faites le vous-même), il avait organisé l’accrochage de micro-États sur les murs du site de création contemporaine. Ces nations, de la taille d’un cotillon, battaient monnaie et s’auréolaient de drapeaux et de pavillons.
Pour cet automne, l’artiste new-yorkais ne perd pas ses habitudes en exposant ses œuvres à la galerie Perrotin et dirigeant l’exposition collective chez Frank Elbaz.
Peter Coffin inaugure le nouvel espace de la galerie Emmanuel Perrotin, de l’impasse Saint-Claude. La veille du vernissage les travaux n’étaient pas encore terminés. Il restait encore quelques couches de peinture à mettre sur les murs. Mais la verrière, symbole des galeries parisiennes et du passé artisanal de la capitale, campait telle une coupole sur l’espace immaculé.
Les plus chanceux pourront y accéder directement depuis le bâtiment principal, par une porte dérobée. Les autres seront obligés de ressortir de la galerie et de faire le tour du pâté de maisons.
Emmanuel Perrotin explique qu’il faudrait les effectifs d’un musée pour surveiller ce couloir qui traverse les bureaux et le show room de l’hôtel particulier. Après plusieurs vols, il s’est résigné à interdire l’accès au grand public. Seul les hôtes accompagnés pourront prendre le raccourci.
Ce nouveau lieu place sur orbite la rue Saint-Claude et rappelle les plus belles heures de la rue Louise Weiss. Le soir du vernissage, ce coin du Marais devient piéton et convivial. Les gens se retrouvent autour d’un verre mais ne se mélangent pas.
Peter Coffin est un artiste de la légèreté. Il expose moins des matières que des éléments. Avec le minimum de moyens il obtient le maximum d’effets. A l’aide de poésie et de grâce il fait apparaître des effets solaires. Il explore le spectre de notre quotidien aussi banalement que scientifiquement. A l’aide de formes simples et d’idées stimulantes, il rend visible un monde caché. Maître de l’assemblage et du bricolage, il récolte, combine, pour rapprocher le geste de l’intention. Qu’il s’agisse de créer un arc-en-ciel en spiral, un lâcher de ballons, un concert pour plantes, une projection lumino-chromatique ou une pyramide d’oranges, il arrive toujours à allier simplicité et efficacité.
Évidents, énigmatiques ou mystérieux, ses travaux ne se camouflent pas derrière un quelconque apparât. Ils apparaissent tels qu’ils sont, dans leur vérité nue. L’expérience proposée est moins rétinienne qu’imaginative. Les œuvres restent plus dans la tête que dans l’œil. Le spectateur, au contact des propositions, des expérimentations et des inventions sort léger de l’exposition, à la manière de ce ballon rouge, gonflé à l’hélium, qui toutes les douze minutes quitte la galerie par la verrière ouverte sur le ciel de Paris.
Peter Coffin
— Untitled (rainbow), 2007. 42 photographies couleurs épinglées au mur. 4 m de diamètre.
— Untitled, 2007. Convoyeur, Ballon. 360 x 1025 x 465 cm.
— Vue de l’exposition Peter Coffin, Paris 2007.
— Vue de l’exposition Peter Coffin, Paris 2007.