Perspective pour hier

Avec l’exposition « Perspective pour hier » l’association nantaise MPVite présente – dans le cadre d’une carte blanche à l’association L’île d’en face, plateforme curatoriale – le travail de l’artiste ukrainien Mykola Ridnyi, pour sa première exposition personnelle en France. Un ensemble d’œuvres photographiques et vidéos réalisées au cours des trois dernières années.

Les images de la crise ukrainienne comme matière première

Des photographies et vidéos jalonnent le parcours. Toutes renvoient des images liées aux événements qui se sont déroulés en Ukraine de 2004 à 2014. Depuis l’élection présidentielle perçue comme truquée par une partie de la population et qui marqua le début de la révolution orange, jusqu’aux mois de manifestations et d’émeutes qui eurent lieu en 2013 et 2014, Mykola Ridnyi a collecté des images qui sont devenues la matière première de son travail.

Un ensemble de trente-trois diapositives projetées successivement montre des scènes anodines photographiées dans des lieux publics. Chaque diapositif est recouvert de marques au feutre rouge faites à la main : des traits attirent l’attention sur tel détail, des ronds entourent la tête de passants. Ainsi sont mis en évidence des éléments ou des individus potentiellement suspect. L’œuvre, intitulée Under Suspicion, a été réalisée à partir de vues de la ville natale de Mykola Ridnyi, Kharkiv, où la vie a alors retrouvé un calme relatif , malgré le guerre qui se poursuit dans la région du Donbass. Elle montre comment, derrière la sérénité de façade, survit une angoisse larvée au sein de la société. Les diapositives retouchées incarnent les campagnes menées par le gouvernement pour apprendre aux citoyens à reconnaître des cibles suspectes. Surtout, ils illustrent la paranoïa, le sentiment d’insécurité et de violence sourde qui en résultent.

Une lecture critique des faits politiques et sociaux

Toutes les images auxquelles nous sommes confrontés renvoient une réalité brutale qui est celle des films documentaires et des images de vidéo-surveillance. A travers divers média (installations in situ, photographies, films, sculptures, textes et actions collectives dans l’espace public), la démarche de Mykola Ridnyi se construit à partir de faits politiques et sociaux pour en construire une lecture critique. Les œuvres explorent le pouvoir de la mémoire et du regard, mettent en lumière les mécanismes de propagande, de manipulation et de répression.

Exposition visible au Blockhaus DY10, 40 rue de la Noue Bras de Fer, 44200 Nantes.