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Perpendiculaire au sol

PMuriel Denet
@12 Jan 2008

Sculpture modulaire et monochrome blanc : un vocabulaire plastique élémentaire, issu de l’art minimal, mais mis ici au service d’un geste radical, qui déstabilise certitudes perceptives et esthétiques.

La salle d’exposition est blanche, immaculée, et vide. Un instant, on pense que l’artiste a manqué le rendez-vous. Mais l’immersion dans cette blancheur virginale, comme une mise en demeure d’affûter sa perception, fait surgir un déséquilibre. Un mur penche. Inclinaison qui résulte de sa mise à l’équerre avec le sol, que l’on sait en pente dans ces salles du Credac originellement destinées au cinéma. Plus bas, un autre mur, d’aplomb celui-là et dont l’épaisseur est manifestement hypertrophiée, fait contre-point.

 » Le travail que je fais n’a de sens qu’à l’endroit où je le fais. Si je le déplace, il aura une autre forme « , dit Christophe Cuzin. La référence à l’œuvre in situ ne rend cependant pas complètement compte du processus, puisqu’ici l’espace d’exposition est le matériau même de l’artiste, qui le remodèle au moyen des protocoles stricts qu’il s’impose. La peinture s’en trouve réduite à sa matérialité propre, pour mieux se répandre, et absorber l’espace qui l’accueille. Ainsi Inventaire : 180 mètres de tasseaux met en œuvre un vocabulaire plastique élémentaire, issu de l’art minimal. Sculpture modulaire et monochrome blanc ne sont cependant pas à voir en eux-mêmes. Ils ne sont que moyens d’un geste radical, qui déstabilise, l’air de rien, certitudes perceptives et esthétiques.

Christophe Cuzin
Inventaire : 180 m de tasseaux, 2004.

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