Allan McCollum
Perfect Couples & Shapes Spinoffs
L’œuvre d’Allan McCollum se caractérise par des productions en très grand nombre de pièces uniques, qui se situent donc dialectiquement à la lisière de l’art (lieu de la différence et de l’unicité) et de l’industrie (domaine de la profusion et du même). En fait, qu’il s’agisse de sculptures, de dessins ou de photographies, chacune de ses œuvres a toujours la forme d’une «collection» dans laquelle l’unicité de chaque élément se distingue des autres éléments de l’œuvre par de subtiles variations.
Conçu en 2005, The Shapes Project est une œuvre processuelle gigantesque qui se déploie sous la forme de «collections» — notamment les Perfect Couples et les Shapes Spinoffs — à partir d’un système basé sur un concept. Le système et son concept visent à «fabriquer suffisamment de formes uniques pour que chaque personne sur la planète possède la sienne». Projet dont sa formulation apparemment contradictoire lui confère une dimension à la fois critique et utopique. Critique, si l’on reçoit le projet comme une position de principe en faveur d’une sorte d’art pour tous, et comme une dénonciation implicite du marché de l’art ; utopique, si l’on considère que le projet est en pratique évidemment irréalisable.
Concrètement, The Shapes Project repose sur 6 répertoires comprenant chacun 144 patrons différents, dont la totalité des combinaisons peut virtuellement générer jusqu’à 31 milliards de formes uniques (Shapes). Nombre effectivement très supérieur à la population sur la planète, mais à l’évidence impossible à mettre totalement en œuvre. Seules des «collections» singulières peuvent être réalisées dans des matières diverses et des tailles variables.
En 2012, la galerie Mitterrand a présenté les Shapes Monoprints. Elle expose aujourd’hui les Perfect Couples et les Shapes Spinoffs.
Allan McCollum a réalisé les Perfect Couples dans du bois peints de différentes couleurs et les a associées par paires. Cette idée de «couple», présente dans des œuvres antérieures de l’artiste, anthropomorphise les Shapes et met l’accent sur l’idée de la relation entre individus.
La série des Shapes Spinoffs compte plusieurs centaines de petites sculptures en bois de frêne réalisées à l’aide d’un tour à bois, une technique traditionnelle d’ébénisterie.
D’autres séries les plus récentes de The Shapes Project font également appel à l’artisanat, ce qui les ancre dans des terroirs et des régions, et suscite des réflexions sur l’identité et la communauté.
Vernissage
Jeudi 12 mai 2016, 18h-21h.
critique
Allan McCollum, Perfect Couples & Shapes Spinoffs