Communiqué de presse
Bertrand Segonzac
Perfect and Perfect. Racks
«Musée d’art et traditions populaires, le Musée Calbet conserve une collection d’objets courant de la Préhistoire à l’après-guerre (années 1940-50). Quels objets auraient-ils pu continuer à intégrer la collection si une politique d’acquisition avait été poursuivie? On comprend que les ensembles du musée se soient figés au début de la généralisation de l’objet industriel.
Les objets technologiques produits et diffusés à l’ère de la consommation de masse n’appartiennent plus, dès lors, à la mémoire d’une culture et d’une population locales. Comment dans une même proposition aborder les systèmes de conservation et spéculer sur les potentialités à constituer un fonds muséal d’objets produits à la chaîne?
Le Musée Calbet n’étant pas un musée du design, il est important que les objets susceptibles de pervertir la collection du musée ne soient pas des objets industriels mais leur représentation sous forme de tableaux. Un parallèle aux objets présents dans le musée qui évoquent le travail à la main, les textures nobles, l’inscription dans une tradition séculaire.
Cet ensemble de tableaux alors présentés sur le thème de l’objet est en adéquation formelle avec le musée. La reproduction d’objets des années quarante aux années quatre-vingt (systématiquement détourés sur fond blanc et traités de manière réaliste), constituant l’un des axes principaux de mon travail.
La distanciation souhaitée par une peinture réaliste, quasi documentaire, autorise une critique plus libre de notre rapport contemporain aux objets, qui depuis les rayons des magasins jusqu’aux centres de recyclage, n’accèdent plus au statut de témoins de leur époque derrière les vitrines d’un musée.
A la marge de cette nouvelle collection, un élément charnière du projet (dont on retrouve le négatif au BBB): une peinture de grand-format, isolée dans la salle du rez-de chaussée du musée. Proposition muette, l’image met en scène de simples bornes en béton qui jalonnent le bord des routes de montagne et fl ottent ici sur un décor absent. Une interprétation possible d’un paysage mental fait de bornes qui baliseraient les voies de la mémoire collective.» (Bertrand Segonzac)