Thierry de Cordier
Peintures pour un instant
«Je me sentais aux approches de la guérison, glisser dans une paix merveilleuse. Tout était vert dans la chambre. Je me croyais dans une mare; ce qui équivalait pour moi à être dans le corps de maman… J’étais au Paradis, dans le Sein maternel.»
Six peintures vertes forment l’exposition. Deux d’entre elles n’étant pas visiblement vertes, sont toutefois prégnantes de vert. Un passage trouvé dans le Journal d’un schizophrène (voir la citation ci-dessus) a décidé du choix des œuvres. Mis à part un pseudo-monochrome qui reprend explicitement le passage évoqué, je ne me suis (concernant les autres toiles) jamais inspiré directement de ce fragment pour la simple raison que la plupart des tableaux ont été exécutés avant même que je n’en ai pris connaissance. Disons que d’une certaine manière, l’extrait en question lie les peintures les unes aux autres; un peu comme un glacis lie les couleurs. Ou du moins les rapproche.
Il me semble, à y regarder de plus près, que la réunion de ces six tableaux évoque en quelque sorte une quête de la mère ou au contraire une tentative de fuite. Afin de se défaire d’elle. D’un point de vue philosophique, il est ici de toute façon question du «soi» compris comme une défiance (un manque) sinon un trop.
Plus que tout, j’aimerais que le spectateur arrive à regarder et à écouter ces peintures de la même manière qu’on regarde et qu’on écoute une partition de musique. Et, puissent-elles alors dégager le profond silence qui les habite.»
Thierry de Cordier, mars 2007