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Peintures, pastels

02 Fév - 27 Mar 2010
Vernissage le 02 Fév 2010

A première vue le travail d'Yves Popet pourrait être classé dans la catégorie de l’art concret, ou de l’art optique. En fait, ces visions, ces classements, ne donnent pas la juste mesure de ce qui est au fondement de son travail et de ses œuvres.

Yves Popet
Peintures, pastels

Il faut voir le travail d’Yves Popet ! Les images en donnent une idée non seulement déformée mais fausse. Bien sûr cette réflexion pourrait s’appliquer à de nombreuses œuvres, voire même à toutes les œuvres d’art, mais elle est particulièrement fondée pour cet artiste.

Né à Reims en 1946, Yves Popet poursuit depuis une quarantaine d’années un travail de peinture exigeant et, finalement, assez solitaire, même s’il a fréquenté depuis longtemps des artistes comme Jean Leppien, Aurélie Nemours, Vera Molnar…, et même s’il participe régulièrement à de nombreuses expositions, tant en France que dans le monde.

Bien sûr, Yves Popet emprunte à l’art concret un certain nombre de ses matériaux (des surfaces qui semblent au premier abord très planes), de ses formes (avec une prédominance de la ligne, du carré), de ses couleurs  (des couleurs très pures posées en aplats), voire de ces procédures (la répétition, le déplacement, la transformation des motifs)…

Les tableaux apparaissent essentiellement comme des jeux de carrés colorés, monochromes, lisses, disposés sur une surface elle-même monochrome et également parfaitement lisse.

Tous ces éléments sont effectivement à l’œuvre dans le travail d’Yves Popet, qui les manipule avec apparemment beaucoup de facilité, d’élégance, nous montrant ainsi, une fois de plus, que le langage des formes les plus simples est susceptible d’autant de variations et de diversités que les langages fondés sur l’imitation ou l’expression de figures extérieures, « réelles » ou « réalistes ». En fait, la simplicité cache, ici comme dans d’autres domaines, une grande complexité !

Les œuvres sont réalisées avec beaucoup de soin, de précision. Les formes (réduites le plus souvent à des carrés et à des lignes) semblent nettes, épurées, tracées avec exactitude (au départ sur un calque, reporté ensuite sur la toile), disposées centralement, même quand elles donnent l’impression de glisser, de tourner sur le plan. Les lignes apparaissent tracées avec une grande rectitude, qu’elles apparaissent dans l’espace ou viennent s’adjoindre, redoubler, ou traverser une forme inscrite à l’intérieur de la toile, voire la toile elle-même.

Cette rigueur ne nous donne toutefois pas le sentiment que la construction résulterait d’un calcul ou d’une progression précise. Toutes les formes, toutes les lignes apparaissent et s’imposent par leur apparente simplicité, elles se renforcent mutuellement, comme disposées par un hasard finalement bien organisé ! On ressent d’ailleurs, à la vue de la plupart des œuvres, comme un léger sentiment de déséquilibre, d’instabilité, de mouvement.

Plusieurs tableaux peuvent constituer une suite, une série : cela résulte parfois d’une intention, d’autres fois d’un hasard. Les éléments de la série peuvent avoir été réalisés à des moments très espacés. Les œuvres se suivent, mais aucune n’est véritablement la suite d’une autre.

Le choix des couleurs -des acryliques posées au rouleau le plus souvent- ne correspond pas plus à un parti-pris qui serait lié à une volonté symbolique ou à un choix pré-déterminé en fonction d’un goût, d’une signification accordée à telle ou telle couleur, mais bien à une envie de jouer avec des espaces colorés, expressifs avant tout par la particularité de chacune des couleurs, et par les rapports que ces couleurs établissent entre elles. Toutes les couleurs sont possibles, tous les jeux colorés sont permis.

Avec le temps, le travail s’est épuré. Son alphabet s’est sans aucun doute simplifié, en mettant l’accent sur l’horizontal et le vertical, en atténuant les contrastes de formes et en mettant l’accent sur le carré, en réduisant les couleurs mises en œuvre dans chaque œuvre. Mais Yves Popet n’a jamais été attiré par le monochrome pur: il pense que le contraste coloré permet d’ouvrir les espaces, de les diversifier, d’introduire la vie. Une vie que l’on perçoit dans les effets de tremblements qui, par un jeu optique, apparaissent sur certains bords.

En réalité, ce qui est en jeu dans le travail d’Yves Popet, c’est d’une part la matière colorée, et d’autre part l’espace. La matière colorée, parce que c’est la couleur qui véritablement construit les œuvres, le plus souvent dans sa pureté même, réfléchie, projetée par l’espace de la toile, parfois, comme dans certains pastels, parce qu’elle est effectivement présente matériellement. En peignant les tranches de ses tableaux, Popet manifeste à l’évidence cet engagement.

L’espace, parce que cette matière colorée apparaît dans un jeu d’espacements: Popet dit que, à l’instar du célèbre architecte Tadao Andö, il voudrait montrer le vide. Mais en fait, ce que ses toiles le montrent, c’est une articulation d’espaces colorés, de champs colorés ; s’il y a un vide, c’est celui qui est créé par ces différents espaces.

Yves Popet, à ses débuts, produisait une peinture abstraite influencée par des artistes comme Schneider et Hartung, mais il a toujours eu un intérêt pour la sculpture. Un passage par le sud de la France, dans les années 70, contribue à le radicaliser dans ses intentions, avant qu’il ne découvre les américains, et qu’il ne s’engage dans la voie finalement et essentiellement minimaliste qui est la sienne.

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