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Peintures et objets

PSylvie Rousselle-Tellier
@12 Jan 2008

Quarante années d’une œuvre largement conçue à partir des matériaux industriels: le fer, le coton, le charbon, le café, le bois, le feu, la pierre et la terre, des sacs et des animaux vivants. Autant d’éléments employés pour leurs rapports avec l’univers du travail; ou pour leurs oppositions physiques et culturelles : le mou et le dur, le goudron et l’acier, l’industriel et l’agraire, l’acier et le jute.

L’exposition présente un panorama de la carrière de Kounellis: des objets et des peintures de signes réalisés entre 1959 et 2001.
Très tôt, Jannis Kounellis a peint des signes (alphabétiques ou non). A partir de 1966, il engage un processus qui le conduit de la surface au volume : d’abord en accrochant des éléments tridimensionnels à ses toiles, puis en créant des objets. La plupart des sculptures présentées ici sont accrochées au mur comme des tableaux. Lorsqu’il crée des objets Jannis Kounellis n’est-il pas encore un peintre ? Par exemple, Sans titre (1997) se compose d’une aquarelle, Sans titre (1968) d’un châssis en bois et Sans titre (1999) d’une palette et de pinceaux. De nombreuses œuvres présentent une plaque d’acier sur laquelle sont fixés des objets. Cette plaque est à la fois le support du collage d’objets et une surface de référence qui évoque la toile du peintre.

Jannis Kounellis rejoint en 1967 l’Arte Povera (Art pauvre), ce mouvement qui a surgi en Italie au début des années soixante. En 1968, avec l’exposition « Arte Povera + Azioni Povere », le groupe accède à la reconnaissance et le terme « pauvre » entame une nouvelle carrière dans l’art. Aux cotés des artistes italiens, on retrouve Richard Long, Ger van Elk et Jan Dibbets. Les représentants de l’Arte Povera ont su créer des images cohérentes à partir d’objets et de matériaux  » pauvres  » et disparates. A cette époque, l’Italie est ébranlée par l’essor rapide de industrie, celle-là même qui n’a cessé de fournir l’essentiel des matériaux de l’œuvre de Kounellis: le fer, le coton, le charbon, le café, le bois, le feu, la pierre et la terre, des sacs et des animaux vivants. Ces éléments sont employés symboliquement, pour leur association avec l’univers du travail; ou pour leurs oppositions physiques et culturelles: le mou et le dur, le goudron et l’acier, l’industriel et l’agraire, l’acier et le jute.

Trois oeuvres imposantes sont ici exposées — Sans titre (2000) , Sans titre (2000) , Sans titre (2001) — dans lesquelles de grandes étagères en acier supportent des sacs de jute pleins. Dans l’œuvre la plus récente, chaque sac porte l’inscription « Indian Coffee » à laquelle l’artiste a ajouté des signes, comme pour les faire passer du domaine de l’usage à celui de l’art.

— Sans titre, 2000. Acier, sac de jute, lin. 200 x 360 cm.
— Sans titre, 2000. Sac de jute, fil métallique, étui à violon sur acier. 200 x 179 x 44 cm.
— Rosa, 1966. Huile sur toile. 218 x 230 cm.
— Sans titre, 2001. Fer, toile de jute, laque noire. 200 x 360 x 44 cm.
— Rosa nera, 1969. Tissu en coton noire sur toile. 200.135 cm.
— Sans titre, 1997. Acier, aquarelle sur papier sur tôle d’acier. 103.5 x 75.5 cm.
— Sans titre, 2001. Lampes à pétrole, câble d’acier, grille métallique, crochet sur acier. 120 x 120 cm.
— Sans titre, 1999. Acier, plomb, papier, palette, pinceau, gant. 99.7 x 130 cm.
— Il pozzo tragico, 2 oct. 2001. Goudron sur papier. 42 x 59.2 cm.
— Sans titre, 1986. Acier, plomb, jute. 103.5 x 75.5 cm.
— Sans titre, 1968. Laine noire et blanche, corde, bois. 250 x 200 cm.
— Sans titre, 1996. Acier, fer, plomb, chalumeau. 200 x 418 cm.
— Sans titre, 1962. Détrempe sur papier. 150 x 209 cm.
— Sans titre, 2001. Sac en lin, verre brisé, crochet sur acier. 100 x 70 cm.
— Sans titre n°1,2,3,4,5,6, 1997. Goudron sur papier. 36 x 48.5 cm.
— Sans titre, 1996. Fer, charbon, fusain sur papier sur fer. 100 x 70 cm.
— Sans titre (Roma) , 1960. Encre sur papier. 98 x 69 cm.
— Sans titre, 1997. Acier, goudron, fer. 200 x 400 cm.
— Sans titre, 1959/1960. Huile sur toile. 115 x 160 cm.

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