Présentation
Ken Yang
Peintures
«Les détails font la perfection, et la perfection n’est pas un détail.» Léonard de Vinci, Carnets.
Le travail de Ken Yang est rare. Son discours est unique. La peinture pour lui est une ascèse. L’art, un parti pris. Né en Malaisie, un pays à la nature foisonnante, où cohabitent plusieurs traditions, cultures et communautés, son talent s’est manifesté très tôt. Dès qu’il a pu porter un pinceau ou un crayon, il s’est mis au dessin, à la peinture et à la calligraphie. Il aimait les promenades solitaires dans les forêts voisines, qui lui procuraient inspiration et sérénité. Lauréat de plusieurs prix scolaires, il est étudiant au Malaysian Institute of Art (l’école des Beaux-arts de Kuala Lumpur) qui lui ouvre les portes de sa galerie (pour la première fois de son histoire à un seul artiste) pour une exposition de ses peintures et photographies. Diplômé en l’an 2000, il s’exerce à plusieurs média et styles artistiques et obtient nombre de prix.
Toujours attiré par les chefs-d’œuvre des Maîtres de la peinture européenne, il décide, en 2002, d’entamer un périple initiatique en direction de Paris. La première chose qu’il fait le lendemain de son arrivée est d’aller au musée du Louvre. Il est saisi, presque ravi, par la vision des tableaux des Maîtres. Ses doigts, sinon son âme, peuvent enfin toucher et examiner de près ce qu’il connaissait de loin. Depuis, et grâce à sa sensibilité aigüe et aux visites d’étude qu’il a entreprises des musées et des grandes galeries en Europe, il a acquis une connaissance intime du patrimoine européen, notamment pictural. Il s’intéresse également aux antiquités et aux artisanats. Son atelier parisien est un véritable cabinet de curiosités.
Membre de la Maison des Artistes depuis 2004, il est peintre, portraitiste et miniaturiste. Patiemment, il développe son langage. Ses tableaux, à teinte symbolique, ne s’inscrivent pas dans le cadre d’une construction conceptuelle subjective. Ils sont comme des moyens d’exaltation par l’artisanat. Esthète et collectionneur, fidèle à sa vocation, non seulement il célèbre la beauté à travers les personnages quasi iconiques, et pourtant réels, de ses peintures figuratives, et la richesse des matières nobles qui les habillent et les entourent (soierie, velours, dentelle, fourrure, cuir, nacre, bois); mais il l’appréhende surtout en tant qu’elle est la fugitive manifestation formelle d’une autre beauté invisible, transcendante et difficile à saisir. Sa technique «à l’ancienne», qui s’apparente tantôt au sfumato de Léonard, tantôt au chiaroscuro du Caravage ou au réalisme d’un Ingres féru d’étoffes et de drapés, est exigeante. Plusieurs mois de travail quotidien sont nécessaires pour qu’un tableau soit achevé. «Un travail monacal», dit le peintre.
Les huiles de Ken Yang sont insolites. Chaque tableau est un conte mystérieux, qui se déploie simultanément devant les yeux dans une composition élaborée. Les protagonistes, un tant soit peu fantasques, nous regardent parfois droit dans les yeux ou s’admirent dans une glace. Parfois, ils nous tournent carrément le dos. La fragilité des figures, la spontanéité des poses et la quiétude des visages et des attitudes font transparaître une force surprenante et se déceler un savant dosage subtil, précis et maîtrisé. La nature, levier contemplatif par excellence, est toujours présente par le truchement ici d’une fleur, là d’un petit lapin ou d’une luciole délicatement déposée sur la toile en guise de signature.
Conçus comme dépôt récapitulatif de techniques picturales qui se perdent, et comme une réactualisation d’esthétiques peu usuelles par les temps qui courent, ces tableaux n’en sont pas moins résolument contemporains, aussi bien par la forme que par le questionnement. C’est peut-être ce qui leur donne un aspect intemporel et déroutant. Ken Yang est un peintre qui a du souffle. Il ne peint pas avec ses émotions, mais avec son cœur.