La salle, déjà la plus petite du centre d’art, s’est encore rétrécie. La dizaine de grandes toiles vivement colorées de Claude Tétot semble en avoir rapproché les murs. L’attraction visuelle stimulante de chacune interdit une quelconque contemplation méditative.
Tout ici n’est affaire que de surface. Le fond et la forme, depuis les origines de la peinture, s’y rencontrent, et s’y confrontent. Le fond est ici à entendre comme ce sur quoi repose la forme, tout aussi bien que ce de quoi elle surgit.
Le fond donc : monochrome homogène, d’un gris légèrement teinté, ou d’une couleur vive, et clinquante — bleu turquoise, orangé, rose bonbon ou jaune canari.
Les formes, frontales, parallèles au plan du tableau, émergent, sans origine, ou y semblent menacées d’absorption. Ou encore, provenant d’un hors champ insaisissable, elles s’effilochent sur la toile, créant une illusion de profondeur. Elles se superposent, tels des mikados multicolores savamment aimantés.
Ailleurs la pâte se fait opaque, épaisse, pour diffracter, et incarner, l’ensemble du spectre visible en fines raies monochromes et compactes. Cette déclinaison d’effets de transparence, de filé, de recouvrement, évoque une cartographie de visions éphémères, surgies du rêve, mais aussi de l’artificialité, et de la vitesse, du monde contemporain. Et c’est bien leur accumulation jusqu’à saturation qui fait alors sens.
Claude Tétot
— Sans titre, 2001. Peinture à l’huile. 160 x 220 cm.
— Sans titre, 2001. Peinture à l’huile. 170 x 195 cm.
— Sans titre, 2002. Peinture à l’huile. 170 x 195 cm.
— Sans titre, 2002. Peinture à l’huile. 150 x 200 cm.
— Sans titre, 2002. Peinture à l’huile. 180 x 220 cm.
— Sans titre, 2002. Peinture à l’huile. 160 x 200 cm.
— Sans titre, 2002. Peinture à l’huile. 180 x 220 cm.
— Sans titre, 2002. Peinture à l’huile. 180 x 250 cm.