Stéphane Pencréac’h
Peinture d’Histoire
Le Musée d’Art Moderne et d’Art Contemporain de Nice (MAMAC) présente l’exposition «Peinture d’Histoire» de Stéphane Pencréac’h qui, dans ses œuvres les plus récentes, prend un nouveau chemin, celui des conflits au Moyen-Orient.
Un «sujet improbable pour un peintre occidental qui scénographie la révolution du peuple dans quatre villes»: Tombouctou (Mali), Tunis (Tunisie), Tripoli (Libye) et Le Caire (Égypte). Il choisit un épisode caractéristique pour chacun des conflits et propose ainsi quatre œuvres grands formats dont trois triptyques.
Stéphane Pencréac’h s’inspire d’évènements récents dont il fait l’analyse «à chaud» sur ses toiles, revisitant ainsi la peinture d’Histoire. Ce genre s’inscrit dans la lignée de ses premières séries dans lesquelles la mort et la vie s’entremêlent, où les monstruosités de la guerre et l’espoir découlent de l’adversité et se chevauchent. Loin de la censure, la facticité et la distanciation des images, Pencréac’h choisit la peinture afin d’illustrer l’Histoire, et ce pour sa fonction critique, émotionnelle et subjective, même si le rapport à la photographie est latent.
Dans cette perspective, il confère au médium une profondeur et une ampleur singulière, afin de décrire l’Histoire du Printemps arabe. Si Stéphane Pencréac’h déploie ses peintures de manière apparemment assez classique, il vise cependant à fonder une expérience esthétique nouvelle et développe un traitement moderne, en référence au monde actuel.
Tombouctou initie la série dans un large panoramique en trois panneaux cernés de noir comme un écran de cinéma. La figure centrale, pouvant évoquer une Piéta ou un touareg à la fois digne et menaçant, est confrontée à la mort; le gisant représente la victime collatérale souvent au premier rang des manifestations. Les deux panneaux latéraux montrent un corps d’homme en lévitation dans un raccourci maîtrisé. Distribuée de gauche à droite, une tâche de sang devient un astre solaire ou plutôt la planète Mars dans ce contexte de guerre. Dans la fenêtre s’ouvrant à gauche de la composition, apparaissent les grands slogans que les salafistes et les intégristes affichaient dans toute la ville aux «trois cent trente trois saints». Un procédé de floutage altère en partie l’image, créant un système d’écran où s’enregistre la scène. Le rouge et le noir dominent. Un horizon vert bascule pour montrer la cité à l’épreuve du sang.»
«L’organisation en trois panneaux de Tunis est rythmée par les trois colonnes du premier plan. La peinture d’Histoire ne peut ignorer la grande Histoire, celle du peuple tunisien trouvant son origine en Carthage. La figure centrale, propulsée à l’avant plan, est le point de départ du Printemps arabe: Mohammed Bouzizi qui choisit de s’immoler par le feu. Le corps du martyr reprend la figure de Tombouctou, placé en élévation et projeté dans l’univers du spectateur.»
Vernissage
Vendredi 11 avril 2014 Ã 19h
L’image d’en-tête est la 2e partie d’un polyptique, Tunis, composé de 3 parties.
Les 3 images superposées sont les 3 parties d’une œuvre horizontale: Tombouctou.