Yves Chaudouët
Peindre le citoyen Taquet pour commencer
Au bout du pinceau, la réponse paraît sans délai, implacable. Cette réponse est visuelle et lui permet de s’orienter selon des repères sans équivoque. Yves Chaudouët dit bien de ses installations de poissons en verre et de ses spectacles qu’ils constituent autant de peintures ou de dessins dans l’espace.
Il affirme généralement que tout ce qu’il fabrique est enraciné dans la peinture et sa cousine germaine la littérature. Les bancs d’anguilles-miroir, par exemple, seraient un hommage aux satins et aux soies de Velasquez.
«Les petites lumières dans le noir», égrenées dans son travail depuis ses premiers tableaux jusqu’aux récentes installations de méduses luminescentes, en passant par les photographies de témoins lumineux, représentent également pour lui une problématique picturale.
Or, parmi ces sujets et aussi ces digressions, «le portrait», confie-t-il, «figure en tête». Comme toujours, Yves Chaudouët, musardant en chemin, va prendre quelques photographies documentaires, filmer des visages et enregistrer leurs voix, mais aussi en faire poser certains pour mieux les peindre.
Il n’y a pour lui dans ce dispositif rien d’anachronique, mais bien plutôt quelque chose d’essentiel et permanent, aux antipodes de l’agitation de ceux qui regardent le monde de trop haut ou le commentent.
Yves Chaudouët préfère concentrer son attention sur le volume d’un visage ou tirer le portrait d’un lichen. Et, ne souffrant aucune interruption dans son exploration, il va élire domicile dans notre espace d’exposition, y installer son atelier nomade et enfin y faire flotter quelques objets : toute une nouvelle gamme de moments suspendus qu’il nous propose de venir observer.