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Pêcher l’eau

12 Sep - 14 Oct 2006

Originaire du Limousin, Olivier Masmonteil se consacre exclusivement aux paysages. Ses huiles sur toile tirent leurs racines d’un terreau typiquement français. Avec «Pêcher l’eau», il traque le paysage comme un pêcheur ruse pour leurrer le poisson.

Pêcher l’eau d’Olivier Masmonteil

A contre-courant, Olivier Masmonteil se consacre exclusivement aux paysages et se positionne délibérément en marge des effets de mode. Les huiles sur toile d’Olivier Masmonteil tirent leurs racines d’un terreau typiquement français se nimbant d’un charme irrésistible. Avec «Pêcher l’eau», il fait référence à une pratique de pêche à la mouche qui consiste à pêcher en l’absence de présence visible du poisson, dans les zones où l’on suppose le trouver comme dans les courants soutenus et les parties ombragées des rivières.

Ainsi il traque le paysage comme un pêcheur ruse pour leurrer le poisson. Il parcourt les étendues de la ligne d’horizon la plus élémentaire aux insaisissables nuages capricieux et imprévisibles. Il réinvente continuellement le paysage, le devine plus qu’il ne le voit, le peint de mémoire, rarement d’après nature.

Avec «Pêcher l’eau», Olivier Masmonteil nous plonge dans une «traçabilité» des paysages. Çà et là un ru, un gour, un ruisseau, une rivière, des bosquets, des forêts de Mélèzes et d’Epicéas, des reliefs de moyenne montagne des premiers contreforts du Massif Central…

Topographe et nomade, il baigne ces scènes bucoliques dans une douce et intemporelle mélancolie d’un souvenir vécu d’une enfance rurale passée en Limousin. Tantôt une partie du paysage est ramenée au premier plan et ses détails se fondent en bandes parallèles aux couleurs électriques tandis que la deuxième partie du tableau reste parfaitement réaliste; tantôt, des ondes sinusoïdales se déversent sur le paysage tel un stratus improbable qui par sa dynamique bouscule un ensemble de quiétude.

Il en résulte une atmosphère fantastique où ciel et terre se confondent, s’inversent et fusionnent jusqu’à s’étendre sur des formats grandioses (200×200 cm, 230×300 cm). Olivier Masmonteil combine des paysages, les monte en panoramique rappelant l’âge d’or du cinémascope où il revient au spectateur de donner une interprétation, de projeter ses propres visions, souvenirs et mythologies sur la toile et de s’interroger sur la présence et la nature réelle de ces fluides et de ces bandes qui se font miroirs de l’imagination.

Olivier Masmonteil révèle le fantasmagorique en jouant sur la lumière, pour la rendre toujours plus étrange et intrigante. Son travail kaléidoscopique se nourrit de ce qui a laissé des traces dans sa mémoire. Des images se créent à partir d’accumulations de souvenirs et d’observations, de la photographie du XIXe siècle aux années 30 & 50, des toiles de grands maîtres du XVIIe siècle comme les hollandais Jan van Goyen ou Salomon et Jacob van Ruysdaël, les français Nicolas Poussin et Simon Vouet.

Olivier Masmonteil a choisi d’emprunter des chemins de traverse, des sentiers accidentés semés de clichés et de lieux communs. Olivier Masmonteil réaliserait presque un acte de résistance en refusant l’influence des usines à images qui formatent une manière de voir et saturent les esprits. Il se sert paradoxalement de toute cette pollution visuelle et la recycle pour élaguer un nouvel Eden. La peinture devient un périmètre de liberté où l’artiste a pêché ses paysages dans toutes les composantes possibles : mythologique, biblique, d’histoire, romantique, mélancolique, réaliste, sublime, hallucinatoire ou fantasmagorique.

Natalia Grigorieva

Article sur l’exposition
Nous vous incitons à lire l’article rédigé par Natalia Grigorieva sur cette exposition en cliquant sur le lien ci-dessous.

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