Présentation
Manola Antonioli, Vincent Jacques, Alain Milon
Paysages variations
On a coutume de faire du paysage une vue d’ensemble qu’offre la nature d’une étendue géographique. Dans sa Philosophie du paysage, Georg Simmel pose une question simple: le paysage est-il une somme d’éléments disparates, ou une unité qui possède une atmosphère ou un état d’âme, autrement dit la nature est-elle un tout unifié ou non? En fait, la nature peut-elle être pensée hors de ce que l’Homme pense d’elle? Et lorsque l’Homme, en définissant le paysage, définit la nature, évacue-t-il pour autant la question de savoir si elle a des normes propres et indépendantes?
Les textes et les images réunis dans cet ouvrage sont issus d’un cycle de débats intitulé «Autour du paysage comme variation artistique» organisé par La Maréchalerie, centre d’art contemporain de l’École nationale supérieure d’architecture de Versailles. Ils interrogent le paysage en tant que préoccupation contemporaine des architectes, des théoriciens, des artistes, autant que des usagers du territoire.
Avec les textes de: Manola Antonioli, Jean-Christophe Bailly, Roberto Barbanti, Karine Bonneval, Anne Cauquelin, Gilles Clément, Emeline Eudes, Katia Gagnard, Vincent Jacques, Valérie Knochel Abecassis, Sylvain Lizon, Alain Milon, Pessi Parviainen, Julien Poidevin, Lorraine Verner.
Avec les œuvres de: Karine Bonneval, Etienne Boulanger, François Daireaux, Pessi Parviainen, Julien Poidevin.
«Le paysage est ce qui se trouve sous l’étendue du regard. Il s’agit donc de quelque chose qui touche tout, toutes les dimensions de ce qui se trouve dans cette étendue. Et si, par hasard, nous n’avions pas le sens de la vue, c’est ce qui se trouverait sous l’étendue de tous les autres sens. Par conséquent, c’est quelque chose qui atteint notre subjectivité de manière très profonde. Un paysage n’est pas nécessairement végétal: il peut être construit de béton, de bois mort, de toutes sortes de matériaux inertes… Mais évidemment, on l’entend très souvent avec le discours et la vision de paysagistes qui étaient des peintres à l’origine, des gens qui peignaient quelque chose où il y avait des arbres, à travers toute une vision animée par la perception romantique de la nature, avec donc des végétaux vivants très présents.
Le jardinier est celui qui travaille avec le vivant, qui dialogue constamment avec des êtres qui ne cessent de se transformer dans le temps. Le paysagiste n’est pas obligé de faire appel au vivant, le jardinier, lui, toujours. Il se trouve que moi, dans ma progression, j’ai abordé et j’ai privilégié le vivant, en estimant qu’il était la chose la plus importante à protéger au cœur du jardin. Historiquement, le jardin est par définition un lieu clos et protecteur, qui met en scène le meilleur, le plus urgent à protéger, ce qui est pour nous le plus important à dire et à transmettre.»
Gilles Clément
Sommaire
— Préface de Valérie Knochel Abecassis
— Introduction d’Alain Milon
PARTIE I: PAYSAGE ET PHOTOGRAPHIE
— Textes et images, par Sylvain Lizon
— Ecriture de la lumière, par Jean-Christophe Bailly
PARTIE II: PAYSAGE VEGETAL
— Deux approches du paysage végétal: Gilles Clément et Karine Bonneval, par Lorraine Verner
— Le génie naturel, par Gilles Clément
— Parfums nouveaux, par Karine Bonneval
PARTIE III: PAYSAGE URBAIN
— L’impossible paysage urbain?, par Manola Antonioli
— Virtualités concrète du paysage urbain, par Anne Cauquelin
— Images-paysages de la ville, par Vincent Jacques
— Dérives sonores dans l’espace urbain, par Julien Poidevin
— A l’intérieur de la ville. Etienne Boulanger, par Katia Gagnard
PARTIE IV: PAYSAGE SONORE
— Dans un bruissement de feuilles, par Emeline Eudes
— Paysage et composition, par Pessi Parviainen
— La dimension sonore dans le paysage, par Roberto Barbanti
— Conclusion
— Présentation des auteurs