Jean-Pierre Attal
Paysages ethnographiques
L’ethnologue et l’anthropologue décrivent et comparent les différentes formes de sociétés. L’ethnographe, lui, agit en amont en recueillant les données sur le terrain. C’est à ce niveau que Jean-Pierre Attal a choisi d’intervenir en explorant l’intimité anonyme de la société urbaine.
«L’homme de la rue», observé dans son décor urbain d’origine, est presque invisible, s’évanouissant dans le brouillard de la multitude. Transplanté dans des espaces dissemblables, il acquiert un autre statut et devient un héros du quotidien. On le découvre figé, livrant des détails tangibles; costumes, téléphones, oreillettes, badges et autres nous informent de manière neutre sur la réalité d’une catégorie sociale.
La dichotomie entre personnages et paysages plonge dans un vertige surréaliste. Ces situations fictionnelles se concrétisent dans une scénographie imaginaire. La pixellisation des visages évince finalement tout soupçon d’incertitude. Oui l’œuvre est digitale, et assumée comme telle. Ces unités primaires numériques, posées là sur le plan de la photographie, viennent affirmer que celle-ci est bien allégorique.
Mais dans quel but ces personnages avancent-ils dans des décors improbables? Ils semblent dériver au hasard, inconscients de la réalité de leur environnement. Auraient-ils manqué un carrefour majeur dans l’évolution de notre société? L’homme, vecteur d’interactions planétaires, contrôle-t-il vraiment l’impact de ses comportements sur le devenir des sociétés humaines?
Jean-Pierre Attal est né en 1963. Il vit et travail à Paris. C’est en 2000 que Jean-Pierre Attal commence à travailler sur une représentation de la société urbaine.
Il propose dans ses photographies un regard sur la place de l’individu dans la ville. Il décrypte la réalité urbaine, dévoilant ses multiples facettes et ses paradoxes.
Le langage artistique de Jean-Pierre Attal s’inscrit dans une esthétique à l’impact immédiat. En isolant des paysages urbains, il met en scène des foules aléatoires. Ces œuvres grand format nous proposent un arrêt sur image de la mégapole survoltée.
Pas à pas, l’auteur explore les codes et les principes qui nous régissent, nous émeuvent, nous dévoilent.
En oscillant entre la foule et les individus, il évoque la richesse infinie des parcours possibles.