Communiqué de presse
Romain Gibert
Pays Dogon
À l’occasion de sa deuxième exposition personnelle à la galerie Plume, Romain Gibert présente une série de statuettes africaines revisitées, transformées selon ses désirs en figurines de porcelaine.
L’exposition précédente intitulée « La nuit américaine » présentait des photographies réalisées dans un village reculé de Russie et traitait le thème du double.
Ici, la répétition – thème de prédilection de l’artiste plasticien – est encore une fois à la base de son travail qui développe d’une part, le rapport entre deux traditions, et emmène d’autre part le spectateur perplexe et fasciné vers un ailleurs, dans une méditation douce.
« Les statuettes africaines ainsi que les masques, les instruments, les tissus, etc. sont autant d’objets qui me sont et familiers et mystérieux. Je les vois dans des appartements, ils ne sont pas à mon goût. Ce que ce que je retrouve en eux tient plus de l’élément de décor d’un pays qu’on suppose connaître que d’un objet de décoration – réflexion à la base d’un projet qui m’a amené à pousser les portes d’une boutique d’artisanat africain.
Je n’ai aucune connaissance de ces objets. Je les supposais relativement précieux, faits « à la main ». Cet a priori a été balayé lorsque je les ai vus dans cette boutique, entreposés comme des bûches.
J’ai choisi un modèle asexué, androgyne que je supposais être la statuette africaine « type » pour n’importe quel néophyte. Elle est de style Dogon, très identifiable et répandu en Afrique. C’est le vendeur qui me l’a expliqué.
J’ai d’abord poncé puis repeint plusieurs statuettes différentes avec une laque blanche brillante : une seconde peau. Puis j’ai décidé d’en reproduire une en particulier, en porcelaine de Limoges. Je l’ai choisie très abîmée pour marquer le moule, pour produire l’inverse du premier rendu en bois peint. Cette fois-ci, je voulais que le bois soit visible au travers de la fragile épaisseur de porcelaine.
La porcelaine, en tant que matériau, a été un temps assimilée à ses productions surannées en Occident. Elle a été associée à la gloire d’une pompe tournée en dérision, la victoire en match-retour du Kitsch, du Pompier, de l’esthétique monumentale de pièce montée à la crème. On la retrouve maintenant dans les formes épurées et lisses des designers et son blanc immaculé est synonyme de sobriété sophistiquée.
Cette série « limitée » (en cent exemplaires numérotés – marque qui permet aisément d’en reconnaître la singularité) aurait aussi bien pu s’appeler « Made in Limoges » : un savoir-faire local associé à une autre production artisanale qui ne lui ressemble en rien et dont l’authentification est affaire de spécialistes.
Dans la galerie, les statuettes sont à hauteur d’oeil, comme en serre et chacune sur une étagère, comme pour en faciliter l’étude. Chaque statuette est positionnée de manière à pivoter sur elle même de quelques degrés par rapport à celle qui la précède, comme pour donner une démonstration plus évidente de leur parfaite similitude ». Romain Gibert