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Paula Kane

Une peinture qui se joue à outrance des canons picturaux. Des natures mortes très réalistes, représentations grandeur nature d’éléments domestiques (produits d’entretien et de cosmétiques) ; et des paysages très proprets, morceaux choisis tirés de tableaux anciens. Une image lisse, idéalisée mais très artificielle.

— Éditeur : La Lettre volée, Bruxelles
— Collection : Insert
— Année : 2003
— Format : 17 x 12 cm
— Illustrations : 24, en couleurs
— Pages : 48
— Langue : français
— ISBN : 2-87317-212-6
— Prix : 10 €

Images paradisiaques
par Edwina Ashton (extrait, p. 34)

Dans les natures mortes de plus grand format, Kane choisit des bocaux et des bouteilles soigneusement disposés sur un fond sans horizon. Les tableaux étaient superbes et lumineux. Leur réalisme immobile fleurtait avec la photographie. Kane imitait et sapait le processus photographique. Elle peignait dans le noir, utilisait des projecteurs, représentait les surfaces opaques et transparentes avec des vernis opaques et transparents. En même temps elle rendait la mise au point, les ombres et les lumières impossibles. Ces mouvements contradictoires gênent la plénitude de ses images. Les sujets étaient silencieux et tranquilles mais ils se décomposaient aussitôt qu’on portait le regard sur eux. En les regardant, on se voit en train d’en faire une image pour soi. Ils refigurent ce que c’est que de voir.

Ses paysages les plus récents — Contemplating Conservation, Rolling Coasts, View Inclading Detour et Rambling Description With Hills, Mourtains, Leaves, Clouds, Paths and Viewing Platforms—sont des vues vaporeuses de campagne idyllique. Les branches verticales traversent et cadrent l’horizon. Les buttes et les sentiers ondulent et serpentent. Le ciel et la terre sont ponctués de rubans de feuilles et de tapis de petites fleurs. Mais ils sont troublants. Dans cette série, Kane a abandonné ce qui est directement observable. Elle est moins préoccupée par les ambiguï;tés de la vue en tant que perception. Les paysages jouent avec la littéralité ; comme on peut voir une idée. Le pittoresque est attentivement construit, puis rendu impénétrable et inanimé.

(Texte publié avec l’aimable autorisation des éditions La Lettre volée)

L’artiste
Paula Kane est néé en 1970 à Glasgow, Écosse. Elle est diplômée du Goldsmiths College de Londres et enseigne les beaux-arts à la Byam Shaw School of Art et au Camberwell College of Arts. Elle est lauréate de multiples prix et distinctions et a participé à de très nombreuses expositions internationales. Elle est représentée par la galerie Emily Tsingou de Londres.

Les auteurs
Edwina Ashton est artiste et écrivain. Elle réalise des vidéos et fait du dessin. Elle a rédigé des textes pour des catalogues du Van Abbe Museum (Eindhoven), de la Jerwood Gallery (Londres) et de l’université d’Essex. Elle collabore au magazine Untitled ;
Tim Saunders est docteur en philologie classique. Il a présenté une thèse de doctorat à l’université de Bristol en 2001 sur Virgile et le paysage. Il a depuis écrit sur de nombreux artistes contemporains et prépare un recueil de poèmes sur la peinture du Caravage, de Bruegel et de Lorenzetti.

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