Danseur et chorégraphe québécois, Paul-André Fortier signe un nouveau spectacle : Solo 70. Une pièce chorégraphique qui, comme son nom ne l’indique pas, s’interprète à trois. À savoir le danseur Paul-André Fortier, ainsi que les comédiens Jackie Gallant et Étienne Pilon. Musicienne aux accents punk-rock, Jackie Gallant performe sur scène avec sa guitare électrique. Tandis qu’Étienne Pilon accompagne l’ensemble, par les gestes et la voix. Pièce chorégraphique co-créée avec l’écrivain Étienne Lepage, Solo 70 présente un homme en lutte. Né le 30 avril 1948, Paul-André Fortier célèbre et questionne ainsi son anniversaire, son âge, sur scène. Enveloppé de nappes électriques et textes impromptus, Paul-André Fortier danse, saute, transpire. Danser comme si c’était la première fois ; danser comme si c’était la dernière fois. Mais surtout : vivre le monde par la danse, questionner et prendre position par le langage et l’écriture de la danse [choré-graphie].
Solo 70 de Paul-André Fortier : une chorégraphie en écho à la pièce Solo 30×30
Le langage de la danse, Paul-André Fortier le parle et l’incarne couramment. Il le pratique depuis au moins 1978 (avec Derrière la porte un mur, notamment). Double anniversaire, Solo 70 célèbre également quarante années de création. Sans verser dans la conception romantique de l’artiste, il y a néanmoins une certaine part de solitude dans l’acte créatif — qui ne se réduit pas au champ des arts. Notamment parce le corps a ses indicibles et ses impartageables (un mal de dents ne se partage pas totalement). Une solitude que Paul-André Fortier a déjà explorée dans l’une de ses pièces emblématiques : Solo 30×30 (2006). Performance aux accents procéduraux, Solo 30×30 suivait un protocole, un processus strictement défini en amont. Durant trente jours consécutifs, dans un même lieu (extérieur) et à la même heure, Paul-André Fortier dansait ainsi la même pièce de trente minutes. Qu’il vente, pleuve ou fasse très chaud.
Paul-André Fortier : la danse comme mode d’existence, entre lutte et partage
De 2006 à 2012, Paul-André Fortier aura ainsi dansé quinze fois Solo 30×30, dans quatorze villes différentes. Newcastle, Nancy, Ottawa, Yamaguchi, Montréal, Bolzano, Londres, Rome, Lyon, Vancouver, Lorient, New-York, Liège, Montréal, Paris. Une expérience de solitude urbaine notamment contrebalancée par des invitations à participer, faites à différents artistes, au gré des villes parcourues. Clin d’œil et prolongation, pour Solo 70, Paul-André Fortier a fait le choix d’une co-création avec Étienne Lepage. Ainsi que d’une co-interprétation avec Jackie Gallant et Étienne Pilon. Pour un nouveau solo, certes, mais nourri par d’autres énergies créatrices. Sur scène, les trois protagonistes interagissent et composent des liens. Entre empiétements, heurts, et échanges, Solo 70 esquisse l’inconfort du partage d’un territoire, mais donne aussi à percevoir la force du collectif. Pour une pièce en forme de défi, d’agôn [lutte, en grec] sans agonie, avec pour armes la danse, les mots, la musique.