Isabelle Cornaro
Patrick Javault reçoit Isabelle Cornaro et Vivian Rehberg
Qu’elle puise son inspiration dans un tableau de Poussin ou dans un paysage d’Afrique, qu’elle construise une séquence visuelle à partir d’un storyboard abstrait, Isabelle Cornaro s’applique à employer plusieurs langages de l’art, manier la contradiction, en laissant croire au regardeur que tout est en ordre.
Si son travail s’appuie d’abord sur des logiques d’analyse, de classement, de traduction ou de mise en perspective, celles-ci sont régulièrement parasitées par des traits faussement personnels: obsessions, lubies, fétiches, souvenirs. Ramener les différents plans d’un paysage à des verticales ou horizontales, préférer le cutter au crayon pour tracer ces traits est au moins une approche originale du dessin, mais glisser entre ces incisions de fines mèches de cheveux pour figurer la végétation, ce n’est pas seulement associer deux modes de représentation classiques pour faire disparaître l’image, c’est aussi glisser du systématique au névrotique.
Il suffit que l’on passe d’un système de référence (le concept, la forme) à un autre (récits, sentiments) pour qu’une composition  élégante et harmonieuse se mette soudain à vaciller. Un peu comme si entre deux descriptions et mises au net s’échappait un aveu. Peut-on enchaîner des plans sur un personnage en extérieur sans que ce jeu de langage ne suggère une intrigue? Intrigue pourrait-être le maître mot de ces dessins et installations. Sachant qu’Isabelle Cornaro n’a aucun goût pour les objets, bibelots et bijoux dont elle s’empare dans ses œuvres et que toute affinité avec une personne réelle ou ayant existé serait purement fortuite, force est d’admettre que leur valeur sentimentale est générale, voire abstraite. Si la méthode et la mise en ordre renvoient à une forme d’objectivité à la Claude Simon, le choix des objets vieillis et les motifs qu’ils portent évoquent plutôt un univers jamesien.
A l’occasion de l’exposition d’Isabelle Cornaro au Collège des Bernardins, qui met en avant le minimalisme de son art, Patrick Javault reçoit Vivian Rehberg, historienne de l’art et critique, pour se livrer au jeu des interprétations, sachant que devant ce minimalisme-là , ce qu’on voit n’est pas seulement ce qu’on voit.
Horaires
Mercredi 25 mai. 19h. Entrée libre.