Présentation
Eric Mézil (dir.)
Patrice Chéreau. Un musée imaginaire
Le 10 juillet 2015, la Collection Lambert inaugurera ses espaces agrandis par un somptueux hommage à Patrice Chéreau, monstre sacré de la scène théâtrale européenne. Comédien, scénariste, metteur en scène de théâtre et d’opéra, réalisateur, Patrice Chéreau (1944-2013) a joué un rôle majeur dans l’univers artistique et culturel européen durant plus de quarante ans.
Imaginée à partir de documents inédits de l’IMEC (Institut Mémoires de l’Edition Contemporaine), où, dès 1995, Patrice Chéreau a choisi de déposer l’ensemble de ses archives personnelles et professionnelles, l’exposition proposée par la Collection Lambert déploie le «musée imaginaire» d’une œuvre aussi monumentale que polymorphe, où les mots, les sons et les images n’ont d’autre rôle que d’exalter la force et la beauté des rencontres et des passions humaines.
Chaque salle se fera l’écho de son parcours et ses trois domaines artistiques de prédilection (théâtre, opéra, cinéma) seront associés à des archives et des œuvres d’art très librement choisies par la Collection Lambert (Cy Twombly, Géricault, Nan Goldin, Francis Bacon, Antonin Artaud, Anselm Kiefer, Richard Peduzzi…) en s’inspirant des écrits de l’artiste.
L’ouvrage qui accompagne cette exposition, richement illustré, est bien plus qu’un catalogue. Recueillant de multiples témoignages et analyses d’historiens, de critiques, d’artistes et de comédiens (Isabelle Huppert, Jean-Pierre Vincent, Danièle Thompson, Pascal Greggory, Valeria Bruni Tedeschi, Dominique Blanc, Catherine Tasca, Pierre Boulez, Olivier Py…) il met en relief les lignes de force de chacune des créations de Patrice Chéreau, chacune de ses obsessions, chacun de ses engagements artistiques et politiques, sans oublier toutes les influences nées de sa fréquentation familière des musiciens, des peintres, des photographes, des plasticiens…
Cet ouvrage est publié à l’occasion de l’exposition «Patrice Chéreau. Un musée imaginaire» présentée à la Collection Lambert, du 11 juillet au 8 octobre 2015.
«La facilité serait de dire que Patrice était comme un grand frère. Non. Ce fut un maître. Une maîtrise que nous l’avons vu acquérir et déployer. Acquérir, je ne sais pas: la maîtrise, il l’avait en lui sans doute dès le début. J’étais trop jeune pour voir ses premiers spectacles ‘et il est vrai qu’il a commencé lui-même très jeune! Déjà au lycée…). La maîtrise de Chéreau était plus fragile que, disons, celle d’un Luchino Visconti. C’était une maîtrise faite de doutes et de recherches, de concentration et de volonté, avec au bout du chemin, tout à coup, la certitude et l’accomplissement, la trouvaille. Non pas une maitrise point de départ mais une maîtrise gagnée sur les obstacles que toute mise en scène rencontre ou favorise.» (Isabelle Huppert)