Communiqué de presse
Swarna Chitrakar, Manu Chitrakar, Rani Chitrakar, Shubho Chitrakar, Shanoar Chitrakar, Nirajan Chitrakar, Moyna Chitrakar, Haazra Chitrakar, Raheem Chitrakar, Montu Chitrakar, Joba Chitrakar, Anwar Chitrakar, Gurupada Chitrakar
Patachitra du Bengale
Commissariat: Françoise Gründ
Cette exposition autour des rouleaux patachitra du Bengale est le fruit d’une mission de la Maison des cultures du monde en Inde. Françoise Gründ, co-fondatrice du Festival de l’Imaginaire, ethnoscenologue et spécialiste des arts de l’Inde est le commissaire.
Le nord-est de l’Inde est une région riche de traditions et de créativité dans les domaines graphique comme littéraire et oral; Marco Polo et Ibn Battuta, grands voyageurs du monde, s’en émerveillaient déjà il y a huit siècles dans leurs récits et mémoires.
En bengali comme en sanscrit, patachitra signifie «peinture sur étoffe». Tradition populaire née au VIIIe siècle de notre ère, on la rencontre aujourd’hui encore dans le district de Medinipur, à l’ouest de Calcutta. Art modeste et pourtant merveilleux, il est le fait de conteurs ambulants qui peignent sur des rouleaux de toile les thèmes et figures qu’ils chantent pour les passants, dans les rues et sur les places des villages. La conteuse ou le conteur déroule la toile d’une main et, de l’autre, indique à l’assistance le personnage, le fait ou le lieu mentionné dans son récit chanté, le pater-gaan.
Cet art se transmet de génération en génération, les enfants étant très tôt initiés à la réalisation des peintures. Chaque famille d’artistes (les chitrakars ou patuas) possède un cahier de croquis dans lequel sont dessinés les légendes, les dieux et les personnages qui se retrouveront sur les longs rouleaux présentés au public. Ainsi, la tradition patachitra se décline en autant de familles, chacune développant un style et des thèmes qui lui sont propres. Les chants destinés à accompagner les illustrations sont eux aussi enseignés en famille, de parents à enfants.
De manière générale, le style patachitra se caractérise par des aplats de couleurs franches et lumineuses, cernés de traits d’un noir profond. Les figurations fabuleuses (dieux, héros et bestiaire fantastique) sont issues de sources variées: mythologique et religieuse, d’abord, avec des épisodes tirés du Râmâyana et du Mâhabhârata, mais aussi du Gazi Pir, lequel conte les aventures d’Ismail Gazi dont on dit qu’il fut le propagateur de la religion musulmane au Bengale. Au confluent des thèmes hindouistes et islamiques, le patachitra est un art qui, bien qu’absolument typique de quelques villages du nord-est de l’Inde, n’en reste pas moins ouvert sur le monde, à la recherche constante de renouvellement. Ainsi, les artistes d’aujourd’hui évoquent tant les thèmes traditionnels que la nécessité de protéger la nature, les ravages du tsunami ou encore l’attaque du 11 septembre 2001.
Quand un artiste patachitra débute une nouvelle oeuvre, il en dessine d’abord les contours puis il peint le fond et les aplats de couleurs pour terminer par les détails. Traditionnellement, les artistes n’emploient que des pigments naturels, d’origine minérale ou végétale: rouge du cinabre ou de la brique, vert des plantes et des feuilles, bleu indigo et blanc des coquillages sont autant de matériaux utilisés dans la réalisation des motifs peints.
En ce début de xxie siècle, les rouleaux patachitra intéressent et séduisent de plus en plus chercheurs et amateurs d’art. Leur présentation traditionnelle, c’est à dire chantée de village en village, est en revanche moins fréquente.
Vernissage
Jeudi 10 mars 2011. 18h.
Swarna Chitrakar et Manu Patachitra seront présents à Paris, Galerie_frederic moisan, durant les premiers jours de l’exposition. Ils chanteront pour le public du Festival de l’Imaginaire certains contes liés aux rouleaux exposés. Renseignements et réservations auprès de la Galerie_frederic moisan ou de la Maison des Cultures du Monde.
Site du Festival de l’imaginaire
www.festivaldelimaginaire.com