William Anastasi, Francisco Tropa, Christoph Weber
Passion
Articulée autour de l’œuvre Passion de William Anastasi, cette exposition offre plusieurs axes de réflexion autour de thèmes propres à la sculpture et au dessin conceptuels: la tautologie comme process à l’origine de l’œuvre, la perspective, la relation au matériau et l’accident, le hasard.
Travailler sans laisser opérer «le préjudice esthétique du moment», soit essayer de s’affranchir de ses propres références culturelles par un procédé d’objectivation, est au cœur de la pratique de William Anastasi. L’œuvre Real Life, à l’origine une sérigraphie, a été retravaillée par l’artiste au crayon et au feutre, utilisant ses deux mains et le jeu de dés pour intervenir avec l’une ou l’autre couleur (2000, crayon à papier sur papier, 42,5 x 51,5 cm).
Cet effort d’objectivation se trouve également au cœur de la série d’œuvres produites pour l’exposition «Six Sites» à la Dwan Gallery en 1967 à laquelle Passion appartient: l’impression photographique de l’espace où est placé un échafaudage/table de travail est une réduction de 10% de l’endroit où elle est située, protocole précis et simple, qui appelle à une redéfinition de l’œuvre chaque fois qu’elle est présentée dans un contexte différent. L’œuvre de William Anastasi se construit ainsi autour de multiples procédés, jeux d’agrandissement et de réduction, utilisation du texte et du langage.
Avec Antipode (2015), Francisco Tropa fige dans le marbre un essieu ferroviaire et deux rails, métaphore du déplacement sur deux lignes parallèles continues; ici le matériau traditionnel de la sculpture est celui de l’arrêt du mouvement.
Les deux sculptures de Christoph Weber (Not yet titled, 2015, acier et béton, 18,5 x 130 x 60 cm, et Not Yet Titled, 2015, béton, 120 x 44 x 22,5 cm) procèdent de l’exploration systématique de ce matériau dans sa réaction à la pliure, au point de rupture, et comme arrêt d’un mouvement qui est lié à la vie propre du matériau, avant qu’il ne se fige, comme un homologon de la pierre.
L’artiste se met en scène dans un espace en travaux. A l’arrière plan, des ouvriers travaillent sur un chantier. Zbynek Baladran lit un dialogue entre deux personnages fictifs dont la tonalité tourne à l’absurde, la communication semble en péril, le sens est comme suspendu. Le bruit des travaux parasite et contamine le dialogue.