Présentation
Directeur de la publication : Gaël Charbau
Particules n°19
Extraits de «Culture et courage», éditorial de Gaël Charbau
« Culture et courage. Je ne vois rien de plus grand, de plus beau.» Ainsi s’exprima Nicolas Sarkozy, lors d’un de ses nombreux discours, mardi 13 mars 2007 à Besançon. Cette campagne présidentielle que nous venons de subir a au moins eu le mérite de faire entrer de nouvelles associations de mots dans le dictionnaire Novlangue qu’il faudrait décidemment rédiger, pour au moins tenter de faire contrepoids à cette langue de la communication que tout le monde dénonce et dans laquelle nous parlons pourtant tous. On l’a déjà presque oubliée, mais cette fameuse campagne présidentielle est tout de même symptomatique de la rhétorique contemporaine qui consiste à fabriquer de nouveaux mots ou de nouvelles alliances de mots qui impressionnent l’imaginaire du public (vous, moi) en oblitérant par une sorte de voile poético-verbeux l’objet dont lis sont censés parler. […]
Faire fantasmer d’un côté, faire peur de l’autre, tout est question de dosage et de phrases nouvelles qui ne correspondent pas uniquement à des situations nouvelles mais à un besoin de s’emparer de l’«alr du temps» pour l’amplifier et le détourner à son avantage. […]
Pour ce qui nous concerne ici, il me semble que ce que l’artiste a à donner aux autres, c’est bien un point de vue inattendu et novateur, et son souci ne peut pas être — à l’inverse d’un homme politique — de fabriquer du consensus, ou de l’ennui prêt-à -porter. Ça, c’est le rôle de la grande distribution, qui comme dans la politique spectacle, fabrique des discours bidons et cherche à faire régresser les méninges tout autant que les ménages.
Quand l’art contemporain sera passé de mode et qu’une majorité de spéculateurs s’en sera détourné, il restera toujours un désir d’art. Pas un «désir d’avenir» ou un «vrai changement», mais cette chose mystérieuse qui a poussé toutes les civilisations depuis Lascaux, c’est-à -dire il y a à peu près 18 000 ans, à exprimer le fait même d’être au monde, ce qui réduit toujours un peu la portée des carrières mondaines et des effets de mode qui surgissent dans notre époque microscopique.
Quant à notre nouveau directeur général de la France, n’ayons aucune inquiétude, il nous a déjà démontré sa capacité à tenir les médias dans une main de fer, nul doute qu’il saura proposer au grand intellectuel Bigard de «bourrer» Beaubourg une bonne fois pour toutes. »