ART | EXPO

Parodie

13 Mar - 20 Mar 2004

Des vidéastes français, américains, espagnols, uruguayens utilisent la caméra comme moyen de parodier la vie. Critique du star système, de la publicité, du marketing. Étude de la vie de couple ou du statut de l’artiste. Une exposition qui regroupe les artistes vidéastes à connaître actuellement.

Carles Congost, Christoph Draeger / Reynold Reynolds / Gary Breslin, Yan Duyvendak, Mireille Loup, Guy Richards Smit, Martin Sastre, Nathalie Talec, Alexia Turlin, Laurent Vicente
Parodie

L’exposition s’articule autour de neuf vidéos d’artistes contemporains internationaux qui illustrent le thème de la parodie. Des tendances communes se répondent autour d’un même sens de la dérision. Ainsi à travers l’imitation burlesque, la parodie fantasque ou la satire sociale, ces vidéos mettent l’accent sur le détournement d’œuvres académiques ou la contrefaçon outrancière de la société du spectacle.

L’industrie du divertissement apparaît comme une source d’inspiration pour certains de ces artistes. Ils s’approprient des genres audiovisuels et en détournent le contenu.
L’argument humoristique et le second degré prévalent dans ces œuvres qui s’attachent à cibler le monde de l’audiovisuel (Carles Congost, Christoph Draeger, Martin Sastre, Nathalie Talec), le rêve américain (Laurent Vicente), l’industrie du tourisme (Alexia Turlin), le monde de l’art (Yan Duyvendak, Guy Richards Smit) ou les péripéties du couple (Mireille Loup).
En outre chacune de ces vidéos véhicule une pensée critique dépassant la première portée comique ou ironique.

Ainsi, dans The Last News, réalisée en collaboration avec Reynold Reynolds et Gary Breslin, l’artiste suisse Christoph Draeger met en scène l’artiste Guy Richards Smit en présentateur de l’émission télévisée « 24h disaster & survival news channel » pour la chaîne MSNBC. Dans cette séquence télévisée, nous assistons à la fin du monde diffusée en direct, l’animateur étant dépassé par l’évènement. Dans une surenchère du sensationnel et du spectaculaire, l’artiste s’attache, en poussant à l’extrême, à stigmatiser une dérive des média.

Martin Sastre, jeune artiste uruguayen, travaille essentiellement autour de l’industrie du divertissement, à travers des référents à la culture cinématographique américaine ou la culture musicale des adolescents. Dans Masturbated virgin : The video et Masturbated virgin : The game, il présente, sous forme d’une bande annonce, l’icône pop Britney Spears, en héroïne d’un film américain et d’un jeu vidéo. Dans ces deux créations, il met à mal le concept d’image médiatique de l’artiste, objet de consommation, fabriquée de toutes pièces par les Majors américaines.

L’artiste espagnol Carles Congost s’approprie quant à lui, dans sa vidéo Tonight’s the night, le genre du soap opera, l’associant à des éléments de film d’horreur de série B. Il renvoie aux stéréotypes propres à ces deux genres mineurs et y incorpore aberrations et absurdités.

Des éléments du sitcom sont réutilisés par l’artiste française Nathalie Talec. Sa vidéo se veut la bande annonce d’un sitcom musical, Play Back, que l’artiste a commencé en 2000. Le premier opus repose sur la création d’une fiction qui s’inspire de deux genres cinématographiques, la comédie musicale et la science fiction, et sur deux modèles de scénario, la comédie sentimentale et la tragédie philosophique. L’inspiration des chansons est à rechercher dans l’art contemporain, les textes étant construits sur le principe de la citation d’œuvres, de titres d’expositions, de descriptions subjectives d’œuvres.

L’art est aussi au centre de la série Keep it Fun for Yourself de l’artiste Yan Duyvendak. A capella, celui-ci y interprète des chansons populaires qui discourent sur l’art. En jouant sur les constructions même de celles-ci (rythmes, tempos, respirations) dans une présentation sans décorum (fond blanc, torse nu) il interroge et questionne, non sans ironie, le rôle de l’artiste.

Il est également question du milieu artistique dans la vidéo de l’américain Guy Richards Smit Stand up : in defense of painting. Dans celle-ci, il se glisse dans la peau de son alter ego Jonathan Grossmalerman, peintre de son état, pour conter aux spectateurs les bas fonds les plus sordides du monde de l’art dans une parodie tragique et impitoyable d’un one man show de cabaret.

On retrouve dans de nombreuses vidéos de l’artiste français Laurent Vicente la culture du skateboard, plus développée aux Etats-Unis qu’en France. Dans Archiskate, il utilise sa main comme une projection de lui-même exécutant des figures de skateboard. Dans une déambulation à travers New York, devant le Guggenheim ou sur le haut des gratte-ciels, il se moque du mythe du super héros américain.

Alexia Turlin, jeune vidéaste française, dans Petite introduction au Costa Rica commente une brochure touristique. Les images stéréotypées du pays (plages somptueuses, sports nautiques, hôtels quatre étoiles) et le descriptif neutre qu’elle donne de ces images pourraient présenter une destination indéterminée. Sa vidéo, malgré le traitement léger du sujet, renvoie à une industrialisation du tourisme s’attachant moins aux particularités d’un pays qu’à vendre du rêve.

Dans sa trilogie Henri I, II, III, Mireille Loup, jeune artiste française, se met en scène, sous la forme de sketches, dans la peau de différentes femmes, chacune s »adressant à son compagnon et discourant sur l’état de leur relation. Sa vidéo se divise en trois parties: la déclaration amoureuse, le quotidien du couple et sa rupture. Dans un traitement humoristique, qui n’évite pas la caricature, elle fustige les différents travers du couple.

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