Ziad Antar, Pierre Bismuth, Miriam Cahn, Franziska Furter, Roland Gorgen, Adrien Missika, Valérie Jouve, Mathieu Pernot, Diogo Pimentao
Parmi les floraisons du ciel incertain
La Frac Alsace présente «Parmi les floraisons du ciel incertain», ce titre du poème de Jean Arp va comme un gant aux œuvres que présente la Frac Alsace jusqu’au début de l’été. La métaphore du ciel incertain est filée sans relâche. Elle fait presque figure de litote quand elle éclate sous la forme d’un séisme dans le film de Raphaël Zarka. Le photographe et vidéaste construit avec Gibellina Vecchia une œuvre sur l’œuvre d’art qu’Alberto Burri construisit entre 1985 et 1989, II Grande Cretto (le grand craquellement), à la mémoire du tremblement de terre qui ébranla toute la vallée du Bélice en Sicile. Un mémorial qui demeure tel, mais dont le statut d’œuvre d’art s’affine dans le regard de Raphaël Zarka qui dialogue avec les visiteurs disparates du site, bergers, touristes, étudiants ou architectes, lesquels, sous une chaleur écrasante, se croisent sur les traces d’une cité disparue où la vie, floraison ultime, déambule.
Autre accident, autre pépite. Le travail de photographie documentaire de Mathieu Pernot convoque lui un ciel artificiel puisqu’il déconstruit une ville réelle pour lui substituer des images d’implosions d’immeubles qui ont eu lieu dans nos banlieues. Cet instant décortiqué de l’implosion, fixé sur la pellicule silencieuse, en dit plus long que des images grondantes car l’effondrement d’un immeuble où la présence humaine se fit si prégnante apparaît ici dans toute sa lenteur.
Les mains malaxées par Miriam Cahn, terriblement vivantes, reposent comme inertes au sol après qu’on a vu le coup porté par l’une d’elle à un visage. Main qui semble si esseulée, qui ne trouve pas l’emploi d’elle-même si ce n’est dans un contexte de violence.
Sur d’autres œuvres présentées par la Frac Alsace, le ciel se fait incertain, mais davantage au sens d’improbable, d’insolite. Les photographies de Julia Rometti et Victor Costales découpent et même quadrillent l’immensité d’un désert sud-américain en l’appréhendant derrière des lignes géométriques de fer. De quoi, floraison à rebours ou presque, donner à jouir plus encore de la possibilité d’une l’immensité à perte de vue.